
L’acteur franco-allemand Mathieu Carrière, qu’on a vu au cinéma aux côtés de Romain Duris, Brigitte Bardot ou Michaël Douglas était, l’an passé, à l’affiche du 60ème Royal Festival de Spa. Le rendez-vous spadois faisait cette fois encore la part belle aux créations dont «Étranges étrangers», la rencontre étonnante, dans un appartement de Tel Aviv, entre un vieux Juif, une émigrée roumaine et un travailleur africain. Presqu’un an plus tard, le contexte est différent : pandémie et confinement sont passés par là . Mathieu Carrière a accepté de se plier au jeu de «La chambre confinée»… Où il est question de philosophie, de Venise, de peste et d’Europe…
-Mathieu Carrière, comment se déroule votre confinement ?
Le “new normal”, ou le quotidien pandémique, me va comme un gant ou comme les gants qu’on met en sortant. Il se déroule suivant les règles : se laver les main le temps de chanter deux fois “Happy Birthday”, garder une distance de deux mètres, même avec les membres intimes de chez soi, faire peur aux autres en mettant un chèche Touareg durant les promenades, prendre régulièrement ma température, dessiner deux fois par jour les courbes des infect(é)es, des morts, des personnes guéries depuis au moins 10 jours, puis lire, jouer au Sudoku, écrire, faire du yoga.
-Quelles sont vos activités, actuellement ?
Je suis en train de traduire deux pièces de théâtre que je vais coproduire vers la fin de l’année à Frankfurt/Oder.
-Vous avez une double culture, allemande et française. Sur l’épidémie, y a -t-il une différence d’approche entre les deux pays ?
Les Allemand(e)s sont, d’après mon sentiment, comme nos préjugés nous le prouvent, plus disciplinés, plus soumis à l’autorité et plus égalitaires que les Français(es).
-Il y a un an, à Spa, sur scène, vous campiez un homme âgé frappé de perte de mémoire, isolé, avec une femme de ménage roumaine ne parlant pas la même langue que lui : l’âge, la maladie, la différence de culture ou de langue, d’autres formes de confinement ?
Eh, oui, le “confinement”, comme la beauté, sont tous les deux “in the eye of the beholder”. Mais j’aime le confinement, il me rappelle la condition humaine (rires).
-Cette épidémie montre à nouveau un fossé économique et social entre deux Europe... l’Europe, un impossible rêve ?
Tout rêve est par définition impossible. Mais heureusement l’Europe n’est pas un rêve mais une réalité.
-En confinement, un acteur voyage -t-il dans les personnages qu’il a joués ?
La question me rappelle une phrase de Gilles Deleuze qui, confiné en grande partie à cause de l’état de ses poumons, disait : “Je voyage sur place.”
-Pour un acteur, c’est quoi la vie intérieure ?
Elle est ce qu’elle est pour chacun de nous : sans importance (rires ).
-Vous êtes philosophe de formation : quel regard le philosophe pose-t-il sur pareille époque ?
Comme philosophe, je pense qu’il vaut mieux être un immunologue qui donne de bonnes réponses. Et comme amateur des sciences, je pense : «Heureusement qu’il y a la philosophie pour poser les bonnes questions !».
-Vous qui connaissez très bien Venise pour y avoir vécu, vous la voyez meurtrie, comme le nord de l’Italie, tout en voyant aussi qu’elle respire un peu sans la présence humaine. Paradoxe ?
Vous avez raison, si Venise avait des poumons, elle respirerait mieux maintenant, comme Wuhan d’ailleurs. Mais est n’est pas meurtrie, elle se repose.
-Puisque nous parlons de Venise, cette ville a connu de terribles épidémies... Qu’on retrouve même dans la littérature... Aschenbach, dans "La mort à Venise", meurt du choléra...
À Venise, si un chat vous griffe, vous allez au même hôpital aujourd’hui pour une injection de vaccin contre le tétanos que celui, où, il y a 500 ans, vous alliez vous faire ouvrir une bosse de la peste.
-Avec le confinement, la culture reste bien présente, mais sous d’autres formes... Lesquelles ?
On savoure la résonance d’un vieux proverbe Allemand : “Nur wer nichts braucht, der hat genug" (seuls ceux qui n’ont besoin de rien en ont assez).
-Le Zénon de Marguerite Yourcenar, il ferait quoi aujourd’hui ?
Il ferait ce que fait Christian Drosten, le chef de la virologie à la Charité de Berlin : il développerait le PCR (Polymerase Chain Reaktion) test.
-Votre père était neuro-psychiatre. Si vous deviez lui parler de ce qui se passe en 2020, que lui diriez-vous ?
Je le remercierai de m’avoir appris par son exemple de ne rien craindre qu’on ne peut pas contrôler !
Propos suscités par Urbain Ortmans et diffusés le 4 avril 2020.
Recommandations

Exposition à Thimister-Clermont : « Ces arbres, témoins de notre histoire »

Nuit de Mai à Malmedy: hommage aux victimes des camps de concentration

Clip’s Cup : une invention verviétoise présentée au concours Lépine à Paris

12 ans de prison réclamés pour des faits abjects commis sur des enfants en bas âge

Déjà condamné 12 fois, il risque 1 an de prison ferme pour conduite dangereuse

Le team WRT rassemble toutes ses activités dans un atelier de 20 000 m² à Bierset

Verviers et Dison « leaders » wallons du taux de bénéficiaires d'interventions majorées

Exposition à Thimister-Clermont : « Ces arbres, témoins de notre histoire »

Nuit de Mai à Malmedy: hommage aux victimes des camps de concentration

Clip’s Cup : une invention verviétoise présentée au concours Lépine à Paris

12 ans de prison réclamés pour des faits abjects commis sur des enfants en bas âge

Déjà condamné 12 fois, il risque 1 an de prison ferme pour conduite dangereuse

Le team WRT rassemble toutes ses activités dans un atelier de 20 000 m² à Bierset

Verviers et Dison « leaders » wallons du taux de bénéficiaires d'interventions majorées
