Le Royal Festival de Spa débute ce mardi et avec en ouverture une création. « La Nostalgie des blattes » est une pièce qui réunit deux vieilles dames qui font face à une société qui a fortement changé, elles sont devenues des dinosaures dans une société futuriste.
Pour la 62e édition du Royal Festival de Spa, les comédiens sont dans les stratings blocs. Dans la création qui ouvre le festival demain soir : deux vieilles femmes qui attendent , l’une était prostituée, l’autre comédienne. Elles sont assises face au monde et attendent des spectateurs qui ne viennent pas.
"La nostalgie des blattes, c’est une pièce qui raconte, qui met en scène les deux dernières vraies vieilles femmes de l’humanité. On est dans un monde qui n’est pas réaliste, mais plutôt dans un univers où tout est aseptisé. On comprend assez vite que ces deux vieilles sont exposées. Dans un musée, une foire foraine? En tout cas, elles sont exposées devant le spectateur. On comprend assez vite qu’il s’agit d’un espace où des gens viennent et paient pour les voir comme s’il n’existait plus de vrais vieux sur la terre", nous explique Hélène Theunissen, la metteur en scène.
Le spectacle, du français Pierre Notte, a été écrit en 2017, bien avant la crise sanitaire. Dans une comédie où la société est aseptisée, où des drones projettent du désinfectant, où le tabac, le sucre et la graisse n’existent plus, le texte prend tout son sens.
"Les drones, l’aspect aseptisé, le fait qu’elle regrette le temps où on pouvait manger ensemble autour d’une table, où on pouvait se tartiner des tartines avec du bon beurre, de la confiture tous ensemble, ce temps là n’existe plus", s’attriste la metteur en scène. "Ce temps de Covid a un contre-point qui ne peut être que contaminé par la situation que nous vivons toutes et tous. On pense tout d’un coup à ce qu’on a perdu, à ce qu’on va , on espère, retrouver mais en même temps, il y a eu pas mal de dégâts."
Des comédiennes pas très vieilles
Amies depuis l’école, les deux comédiennes Julie Lenain et Julie Deroisin ont été touchées par ce rôle assez particulier.
"C’est surtout l’histoire et la relation qui sont boulversantes. Cette histoire là, en la rejouant aujourd’hui, moi je sens que j’ai des vraies émotions qui viennent me dire que, comme Julie l’a dit, c’est une histoire d’amitié et de sentir cette chose là à travers ce texte là, toute l’humanité de ces personnages, toute leur fragilité derrière une carapace, derrière une envie de se protéger, d’être très fort et en fait de sentir que ça craque de partout, moi c’est ça qui me plait et qui me touche et que j’aime jouer et défendre", analyse Julie Deroisin.
De près elles ont l’air vieilles mais elles ne le sont pas tant que ça. Avant le spectacle, place au maquillage. Les comédiennes doivent s’armer de patience mais c’est aussi grâce à ce maquillage qu’elles imprègnent leur rôle.
"Deux heures, deux heures trente de maquillage par personne. C’est assez chouette parce qu’on utilise le latex et parfois dans des grandes salles, ça ne se voit pas autant que quand on est tout près. Mais pour nous, c’est assez jouant parce qu’on sent toute la peau qui est tirée, fatiguée et c’est vraiment quelque chose qui nous aide aussi à passer dans cette énergie. C’est assez gai, c’est long mais c’est gai", s’amuse Julie Lenain.
Drôle, piquante, cette pièce permet de mettre en avant les personnes plus âgées qui sont parfois exclues de la société. Même si les deux dates sont complètes au Royal Festival de Spa, vous pourrez revoir cette comédie le 18 septembre à Herve. Une comédie qui aborde des sujets sérieux mais qui ne manquera pas de vous faire rire. (Marie Halkin)