Dans ce complément d’infos, nous vous proposons de revenir sur l’avenir de nos forêts. Depuis quelques années, nos bois sont décimés par les scolytes et les sécheresses. 60% des essences de nos forêts ne seraient pas adaptées aux changements climatiques. La surpopulation de gibier, nous l’avons encore vu cette semaine, menace aussi la biodiversité des bois de notre région. Pour faire le point sur nos forêts mais aussi l’avenir de la filière bois, nous avons avec nous sur le plateau Emmanuel Defays, directeur de l’Office Economique Wallon du Bois.
Une augmentation de 200%
La filière bois se porte bien actuellement. Les prix sont à la hausse particulièrement pour les bois sciés. L’augmentation est de 200% voire davantage. "Suite à la pandémie, il y a eu emballement du marché de la construction, du marché de la rénovation parce que les gens voulaient fuir les milieux urbains, particulièrement aux Etats-Unis, explique Emmanuel Defays. Les Etats-Unis sont de très gros consommateurs de bois donc ils ont dévié beaucoup de flux de bois vers chez eux et ils ont provoqué une pénurie et une dilatation des délais de livraison partout ailleurs dans le monde presque. Cette tension qu’ils ont mis sur le marché a provoqué cette flambée des prix".
Les scolytes ont ravagé nos bois et plombé le marché
"Les dégats de scolytes étaient tels qu’il y a eu de gigantesques quantité de bois mises sur le marché et ces quantités gigantesques ont rapidement engorgés les transformateurs de bois. Leurs stocks étaient plein, indique le directeur de l’Office Economique Wallon du Bois. Mais maintenant, à la faveur de ce redémarrage brutal, les gens sont de nouveau à la recherche de bois et le prix du bois rond, de l’arbre abattu, regrimpe de nouveau. Là, il y a une inquiétude à avoir car les propriétaires d’épicéas qui ont été ravagé par le scolyte, pourraient être tentés de couper trop de bois et d’affaiblir notre capital bois et de mettre en danger toute la filière".
Une période charnière
Ces scolytes sont la première manifestation tangible du dérèglement climatique et ont remis en question les pratiques des syviculteurs. "C’est précisément la volonté de la ministre Tellier lorsqu’elle met en place le projet pilote forêt résiliente. C’est d’essayer de provoquer une inflexion fondamentale dans la conception du propriétaire ou du gestionnaire forestier dans sa perception de ce qu’est la syviculture. On ne fait plus de peuplement monospécifique, comme une plantation uniquement d’épicéas. Et souvent, ce sont des bois qui ont tous le même âge et on les récoltera tous ensemble avec un écosystème relativement appauvri et donc affaibli, ce qui le rend vulnérable. Ici, la volonté c’est de procéder assez différement: de multiplier le nombre d’essences et de varier les âges. Et donc on réduit les risques".