L’histoire de la Ford Capri est aussi longue que belle, s’étalant entre 1969 et 1986. L’idée du constructeur américain était de proposer sur le sol européen un équivalent à la Mustang, à savoir une voiture devant faire rêver, mas ne coûtant pas trop cher. Pari gagné pour la marque à l’ovale bleu, qui voyait le public adhérer au concept. A la Capri Mk1 et la Capri Mk2 allait succéder une troisième et dernière génération, la Mk3…
A la fin de l’année 1978, Ford se devait de réagir face à une concurrence s’étant engouffrée dans le même créneau de voitures au look sportif, mais abordables. Renault avait déboulé avec ses coupés 15 et 17, Opel défrayait la chronique avec la Manta et Volkswagen jouait la carte de la Scirocco. La troisième génération de Capri faisait dès lors son apparition, avant tout caractérisée par une calandre quatre phares du plus bel effet, un capot débordant légèrement sur cette calandre, ainsi que des pare-chocs peints en noir mat. S’il ne convient pas de parler de révolution par rapport à la Mk2, l’évolution est manifeste.
Elle se remarque également dans l’habitacle, quand bien même une certaine sobriété reste de mise. Si Ford est un constructeur américain, la Capri a été construite à Cologne, et nos amis Allemands ont toujours été les champions d’une efficacité pas nécessairement tape-à-l’œil.
Sous le capot, la Capri Mk3 ratisse très large ! Si la version présentée ici est une 3000 S, en dépit de son allure bien sportive, le modèle pouvait également recevoir des mécaniques 1300, 1600, 2000 et 2300cc, pour une puissance allant de 70 à 138 chevaux. Ce qui signifie que la Capri n’est pas à proprement parler un foudre de guerre, les 200 km/h n’étant atteints qu’avec la version 3000 S que vous avez sous les yeux.
En fait, il a fallu attendre 1981, et l’apparition d’une Capri 2,8 litres à injection, pour voir la puissance passer à 160 chevaux par la grâce du moteur de la Granada, et la vitesse passer le cap des 210 km/h, le tout avec une boîte de vitesses toujours à quatre rapports, avant qu’un cinquième finisse par faire son apparition. Une version 2800 Turbo a bien existé, poussant les chiffres à 188 chevaux, mais sa carrière restera confidentielle.
Est-ce ce manque de panache, alors que le look de l’auto est agressif à souhait, qui a précipité la fin de carrière de la Capri ? Ce qui est certain, c’est qu’au début des années ’80, le modèle est dépassé au niveau châssis, et ses performances ne tiennent pas la comparaison face aux turbulentes petites GTi à traction avant, à l’instar de la Volkswagen Golf. En fait, le temps a passé, et la mode des coupés à l’américaine est terminée. Le consommateur européen joue une autre carte, celle d’une production n’ayant plus de points communs avec les modèles du pays de l’Oncle Sam.
Dès 1984, la Ford Capri n’est plus produite que pour le marché britannique, et deux années plus tard, le modèle quitte définitivement les chaînes de montage de Cologne. Une story qui ne connaitra pas de suite, Ford préférant proposer des versions boostées de ses Fiesta, Focus et Sierra, plutôt que de s’embêter avec une variante européenne de la Probe, commercialisée aux Etats-Unis. En fait, et paradoxalement, c’est la… Mustang qui doit être considérée comme la digne héritière de la Capri en Europe, dès l’instant où la célèbre Poney Car a été proposée dans des versions en phase avec les législations européennes.
Il n’empêche, en trois générations, ou 17 ans, la Capri a été produite à près de deux millions d’exemplaires ! A titre de comparaison, Volkswagen a construit 765.000 Scirocco, Opel moins de 500.000 Manta et Renault 300.00 15 et 17 !
Et puis, il y a ces succès en compétition, avec notamment cinq victoires aux 24 Heures de Spa, en 1971, 72, 78, 79 et 80, qui ont permis à la Capri d’entrer dans la légende et de continuer à faire tourner les têtes.