L’histoire de la Karmann Ghia badgée Volkswagen est indissociable de cette automobile connue dans le monde entier : la Coccinelle ! Une voiture du peuple dont les courbes et les solutions techniques ont marqué l’histoire ! Et qui allait donner naissance au début des années ’50 à celle qui est considérée comme une très belle carrosserie de l’industrie automobile : la Karmann Ghia…
Comme souvent, c’est à l’occasion d’un salon majeur, celui de Paris, que débute cette saga. Nous sommes en 1953, et un concept-car, signé Luigi Segre, attire tous les regards sur le stand de la célèbre et très italienne Carrozzeria Ghia. Sur une base de Coccinelle, c’est une petite voiture de sport à la ligne plus que séduisante qui alimente les conversations. A cette époque, Volkswagen aspire à enrichir son catalogue. Un accord est trouvé, qui implique également une société indépendante allemande, Karmann, basée à Osnabruck. But de la manœuvre : entamer la production de ce coupé élégant et bon marché. Qui allait logiquement se faire un nom sous l’appellation Karmann Ghia, tandis que la dénomination officielle de cette auto était en fait Volkswagen Type 14. Une appellation qui n’a pas marqué l’histoire, contrairement à la voiture !
Car cette Karmann Ghia attire les regards avec des formes élégantes, voire sportive. Et comme sa base, la fameuse Coccinelle, est modeste, le tarif demandé reste raisonnable. Dès 1955, année du lancement officiel du modèle, les commandes affluent.
Toujours plus fort, la ligne de la Karmann Ghia plait… aux Américains, à tel point que cette auto montée à la main par Karmann devient le modèle allemand le plus importé aux Etats-Unis ! Le tout une dizaine d’années à peine après la fin de la Seconde Guerre Mondiale !
Il est vrai que la Karmann Ghia a tout pour séduire, sans néanmoins renier sa filiation avec la Coccinelle. C’est donc sous le capot… arrière que se loge une mécanique contrastant avec le style assez sportif de la voiture. Le moteur de base est en effet un 1200cc, développant la modeste puissance de 30 chevaux. Il en gagnera une vingtaine au fil des années, ne dépassant néanmoins jamais la barre des 50 bourrins.
Sous le capot avant, on trouve la roue de secours, et un espace de rangement plutôt rikiki. A ne jamais oublier avant d’envisager un quelconque déplacement pour le plaisir…
Quant à l’habitacle, il est soigné, mais sans excès. Certains dirons même qu’il est plus germanique qu’italien ! Notez que notre exemplaire date de 1972, ce qui signifie qu’il fait partie des dernières Karmann Ghia de la première génération. Notamment reconnaissable à ses pare-chocs arrière plus volumineux…
Une fois passé l’agréable surprise du premier coup d’œil, ce qui frappe avec la Karmann Ghia, c’est la sonorité. Le bloc de la Coccinelle se reconnaît entre mille, et le conducteur ne doit jamais oublier que ce moteur n’a rien d’un foudre de guerre. Mais la belle allemande à la ligne méditerranéenne trouve sa place dans la circulation d’aujourd’hui, d’autant plus facilement que sa vue inspire le respect. Sorte de fantôme surgi du passé, la Karmann Ghia fait tourner les têtes et naître les sourires…
Pour la petite histoire, le modèle utilisé dans le cadre de ce Test Rétro a pour particularité de n’avoir jamais quitté la même famille en province de Liège. Et comme son premier propriétaire était méticuleux, la voiture a bien franchi les décennies. Après une restauration au niveau carrosserie, notre Karmann Ghia semble être repartie de nouvelles balades sur les routes, d’autant qu’aujourd’hui, c’est le filleul de l’actuel propriétaire qui la bichonne. Ou quand un mécanicien de la nouvelle génération chérit une auto qui a plus de deux fois son âge…
Au total, plus de 445.000 Karmann Ghia ont été produites en Allemagne jusqu’en 1974. Un chiffre auquel il faut ajouter les 41.600 voitures construites au Brésil pour le marché de l’Amérique du Sud. Une véritable success-story à laquelle Volkswagen décidait de mettre un terme au cœur des seventies, après une deuxième génération, baptisée Type 34, qui a moins marqué les esprits. La suite de l’histoire allait en fait passer par deux voitures différentes : la Scirocco chez VW et la 914 chez Porsche. Mais en restant sur le devant de la scène deux décennies durant, la Karmann Ghia a clairement marqué les esprits et l’histoire de l’automobile. (Vincent Franssen)