Alors que l’été tire sa révérence, Mobil’idées a décidé de vous offrir une dernière tranche de soleil. Qui dit véhicule de loisir à la fin des années ’60 pense forcément Citroën Méhari. Avec son look incontournable, sa mécanique 2 cylindres, son châssis de Dyane et sa carrosserie en plastique, la Méhari, novatrice à bien des niveaux, est rapidement devenue très populaire. Et avec plus de 140.000 exemplaires produits, notamment à Forest, cette auto sympathique, synonyme de vacances, a prolongé sa carrière 20 années durant.
Dans les rangs de Renault, au début des années ’70, on s’est dit que sur le coup, Citroën profitait d’une belle avance là où le soleil brille régulièrement. Les chevrons avaient clairement eu une bonne idée. Il fallait donc réagir, en imaginant un engin similaire, véhicule de loisir découvrable, tout-chemin, basique, voire rustique, et donc accessible. Ce qui a abouti à la Rodéo. Dont le premier point faible a été de naître deux ans après la Méhari. De quoi faire dire à certains que Renault a simplement copié Citroën, ce qui est totalement vrai.
A l’instar de la Méhari, la première Rodéo repose sur une base archi-connue, celle de la Renault 4 Fourgonnette. C’est le carrossier ACL, pour Ateliers de Construction du Livradois, dans le Puy-de-Dôme, qui a conçu ce véhicule destiné à s’adapter à toutes les situations, et donc à affronter on ne peut plus directement le modèle signé Citroën. On signalera d’ailleurs qu’il a fallu attendre 1976 avant que la Rodéo ne devienne réellement Renault Rodéo, intégrée à la gamme de la marque au losange.
C’est en effet sous l’appellation Rodéo 4 que le véhicule est apparu au printemps 1970. Rapidement rejointe par la Rodéo 6, à la face avant plus carrée, comme l’illustre notre exemplaire du jour, et reposant sur une base de Renault 6, avec mécanique de 1100cc. Une Rodéo 5, construite à partir des entrailles de Renault 4 GTL, et au look rafraîchi, a vu le jour au début des années ’80, toujours construite par ACL, société répondant désormais à l’appellation Teilhol.
Un peu plus longue que la Méhari, la Rodéo affiche par contre le même empattement, la même hauteur et la même largeur. Inutile dès lors de tenter de les opposer au niveau habitabilité, c’est du pareil au même !
Mais alors, quel peut-être le ‘plus’ amené par Renault ? Le choix du matériau pour la carrosserie ! Là où Citroën a misé sur le plastique, Renault a privilégié la fibre de verre. Ce qui signifie que la Rodéo résiste mieux aux chocs que sa rivale. Et sur la durée, on peut y voir un argument de poids…
Mécaniquement, là où Citroën a privilégié le 2 cylindres de 602cc à la sonorité unique en son genre, Renault a équipé son modèle de loisir d’un 4 cylindres de 845cc. Résultat : 34 chevaux, contre 28,5 à sa concurrente. Mais comme la Rodéo est aussi 100 kilos plus lourde que la Méhari, cette puissance légèrement supérieure ne se traduit pas par de grosses différentes de performance. En même temps, là n’est vraiment pas l’essentiel pour des autos avant tout destinées à se faire plaisir sous le soleil… Au fil des générations, des mécaniques de 1100, puis 1300cc, feront leur apparition, avec une puissance culminant à 45 chevaux.
A l’usage, les propriétaires de Renault Rodéo ont certainement pu se rendre compte que leur jolie petite auto est moins confortable que la Méhari de Citroën, conséquence de barres de torsion à l’avant comme à l’arrière, là où les chevrons ont davantage veillé à ne pas trop secouer les occupants. Question de tradition, sans doute. De même, la tenue de route de la Rodéo, qu’il faut qualifier de bonne, l’est en fait moins que celle de la Méhari.
A l’instar de la Méhari, la Rodéo a été produite durant de longues années, puisqu’il a fallu attendre 1987 avant de la voir disparaître du catalogue de la marque au losange. Un total de 60.000 exemplaires a été construit, soit plus de deux fois moins que la Méhari. Ce qui a néanmoins pour avantage de rendre la Rodéo plus rare que sa concurrente.
Sur le marché de l’occasion, la Rodéo s’échange à des tarifs qui varient entre 5000 et… 15.000 euros. Selon le modèle, son âge et son état, évidemment…
Comme Citroën, Renault a décidé de ne pas prolonger le concept de la Rodéo, qu’aucun modèle similaire n’est venu remplacer. (Vincent Franssen)