C’était l’époque où les voitures japonaises ne déferlaient pas encore sur les routes. Une remarque d’autant plus vraie dans le cas de la Toyota S800, ou Sports 800, issue des années ’60, sympathique petite sportive réservée au marché nippon. Vincent Franssen a trouvé un exemplaire tout simplement superbe, qu’il vous présente dans la séquence Test Rétro de ce mois. Gros plan sur une auto qui reste largement méconnue…
Si la marque Toyota est aujourd’hui synonyme de sportivité et de nombreux exploits en compétition, il n’en a clairement pas été toujours ainsi. Au cœur des années ’60, pour les Japonais, Toyota, c’était surtout des petites voitures populaires, à l’image de la Publica. Et c’est précisément ce modèle qui allait servir de base à la création d’une petite sportive à la descendance prestigieuse : la Sports 800 !
La voiture que vous avez sous les yeux est en effet l’ancêtre d’une 2000 GT élevée depuis lors au rang de légende, mais aussi des plus connues et communes Celica. Et tout l’intérêt de la Sports 800, c’est qu’il s’agit d’une production exclusivement réservée au Japon, qui n’était pas destinée à être exportée. Non seulement, ce petit bout d’auto, présentée au Salon de Tokyo en 1964, est la première Toyota à tendance sportive, mais elle peut apparemment se targuer du titre de premier hard-top de l’histoire ! Deux ans avant Porsche.
La ligne étonnante de la Sports 800, également baptisée S800 et pouvant donc être confondue avec la Honda du même nom, on la doit à un certain Shozo Sato. Qui n’a nullement sacrifié aux tendances du monde occidental, dès l’instant où cette auto ne devait pas quitter l’Asie. On remarque d’emblée les phares avant qui allaient être repris sur la 2000 GT par la suite. C’est compact, voire ramassé, avec la présence de différents éléments chromés, dont des rétros du plus bel effet.
Ce qui étonne d’emblée avec la Sports 800, c’est sa très faible longueur : moins de 4 mètres. La carrosserie comporte différents éléments en aluminium, dont le capot, le toit et les portes, ce qui abaisse le poids total à moins de 600 kilos ! Bref, un vrai petit kart.
Sous le capot, par contre, la sportivité n’est pas nécessairement au rendez-vous, avec une mécanique de 800cc, d’où l’appellation de l’auto, refroidie par air, à 2 cylindres, avec soupapes en tête et deux carburateurs, ce qui donne une puissance de 45 chevaux ! C’est peu, certes, mais n’oublions pas que l’ensemble excède à peine la moitié d’une tonne. Et comme c’est un moteur 2 cylindres, la sonorité à des airs bien connus en nos contrées.
Preuve ultime que la Sports 800 était destinée au marché japonais, l’habitacle est carrément rikiki ! Cette Toyota est une stricte deux places, avec des sièges minuscules qui ne sont pas sans rappeler ceux d’une Alpine A110. On est clairement à l’opposé de la luxure des voitures américaines de l’époque, ce qui confirme que les Nippons sont courts sur pattes.
Une fois lancée sur la route, la Toyota S800 étonne ! Non seulement les 45 chevaux sont bien présents, mais le comportement de l’auto est efficace. Il s’agit d’une propulsion à la tenue de cap de très bonne facture, qui se joue des enfilades de nos campagnes avec une étonnante facilité. Le propriétaire de cette sauvageonne a même tendance à constamment garder un rythme élevé, un peu comme s’il pilotait un kart de loisir. Sympa…
Signalons tout de même qu’en dépit d’une puissance qu’il convient de qualifier de modeste, notre mignonette croise à 145 km/h, quand bien même la planche de bord est graduée jusqu’à 180 km/h. A relever également : un système de chauffage indépendant, directement branché à la pompe à essence ! Ce qui peut laisser perplexe… à tel point que l’heureux propriétaire de cette auto l’a déconnecté par sécurité !
La carrière de la Sports 800 de Toyota a été courte et modeste. Comme il s’agit d’une japonaise pour le marché japonais, la conduite est à droite… mais 300 exemplaires ont été construits avec conduite à gauche, à l’attention de soldats américains stationnés dans une île du Pacifique ! Il ne resterait actuellement que 600 autos de ce type dans le monde, ce qui rend ce modèle juste exceptionnel.
Ah oui, ultime remarque : la Toyota Sports 800 fait tourner les têtes, car elle compte parmi ces autos inconnues ou méconnues en nos basses contrées. Succès de curiosité garanti ! Quant à la cote de cette petite chose, elle oscille aux alentours de 30.000 euros pour une auto achetée au Japon, rapatriée vers l’Europe, et sur laquelle il y aura sans doute un peu de travail. (Vincent Franssen)