A l’aube des années ’70, le marché automobile européen est plutôt limpide, avec de petites autos, de moyennes autos et de grosses autos. Chez Renault, la 4 poursuit une longue carrière qui n’est d’ailleurs pas prête de se terminer. C’est plutôt le marché naissant des secondes voitures qui titille la curiosité de la marque au losange.
Et pour Renault, le projet 122, nom de code de la future 5, est assez simple : il s’agit de reprendre les caractéristiques principales de la 4L, mais avec une carrosserie davantage dans l’air du temps ! En résulte dès le mois de janvier 1972 une citadine à la ligne bien équilibrée, jeune, moderne et dynamique. La presse de l’époque ne s’y est d’ailleurs pas trompée, en se montrant d’emblée enthousiaste. Pas de doute, Renault venait de mettre dans le mille !
Il est vrai que les points forts de la nouvelle 5 sont nombreux : des boucliers en plastique remplaçant les traditionnels pare-chocs, un capot qui se lève de l’arrière vers l’avant, un hayon s’ouvrant sur un espace de chargement pratique, etc. Le look de la nouvelle venue plait… alors qu’en fait, sous la robe au moment de sa sortie, la 5 avait beaucoup de la 4, à commencer par le modeste moteur de 782cc, donné pour 36 chevaux. Mais aussi un bloc de 956cc de 47 chevaux pour la version TL, caractérisée par un équipement bien plus complet, et une vitesse de pointe atteignant 135 km/h. Côté habitacle, c’est simple mais efficace, avec un levier de vitesses au tableau de bord, comme sur la 4L, qui allait rapidement déménager sur le plancher. Et surtout un design qui allait marquer son époque…
Le phénomène Renault 5 n’a pas tardé à démarrer, et dès 1973, le modèle dépassait déjà la légendaire 4L en termes de production. Il n’en fallait évidemment pas plus pour que les versions se succèdent, avec une LS plus sportive, abritant sous son capot un bloc de 1,3 litres de 64 chevaux, suivie d’une GTL à la même mécanique, mais assagie. En 1976 apparaissait la R5 Alpine, propulsée jusqu’à 170 km/h par un 1400cc de 90 chevaux, avec une boîte de vitesses à 5 rapports. Une montée en puissance qui sera couronnée plusieurs années plus tard par une 5 Alpine Turbo, et la fameuse 5 Turbo, à l’exceptionnelle carrière sportive. Ajoutez-y dès 1978 une version à boîte automatique, et vous disposez déjà de tous les atouts d’un best-seller !
Qui dit clientèle notamment féminine pense famille. Il fallait pourtant attendre 1980 pour que Renault présente sa 5 en version 5 portes, tandis que le tableau de bord se modernisait, au même titre que le confort et l’agrément de conduite. De même, ce n’est qu’à partir de 1983 que le modèle allait se voir doter de freins à disque à l’avant. Le prélude à l’apparition d’une nouvelle génération, baptisée Super 5, qui allait prendre le relais pour la seconde partie de la décennie ’80.
Une sacrée succession, dès l’instant où entre 1974 et 1983, la Renault 5 a tout simplement été la voiture la plus vendue en France. Il faudra attendre la Peugeot 205, le fameux sacré numéro de la marque au lion, pour voir la Renault débordée.
En fait, les chiffres plaident clairement en faveur de cette voiture ultra populaire, qui a plus que marqué sa génération et qui symbolise une certaine idée de la France près d’une quinzaine d’années durant. Au total, ce sont en effet plus de 5,7 millions d’exemplaires de la 5 qui ont été construits ! Et le concept a largement dépassé les frontières du cœur de l’Europe, avec des versions vendues au Québec sous l’appellation ‘La Cinq’, aux Etats-Unis où elle était baptisée Le Car, et même en Iran. En Espagne, la Siete était en fait une 5 munie d’une malle arrière, ce qui n’a d’ailleurs pas embelli la ligne de l’auto.
Et puis, à l’heure où Renault défraie la chronique avec sa 5 E-Tech 100% électrique, il convient de rappeler que la première R5 à groupe propulseur électrique date en fait de… 1971 ! A l’époque, Renault et la société EdF avaient en effet travaillé sur une citadine mue par des batteries, capable d’atteindre 80 km/h, le tout pour une autonomie de 110 kilomètres. Sept exemplaires avaient été construits, à une époque où les voitures électriques n’étaient forcément pas dans l’air du temps…