Pour accepter d’entrer dans la tripartite à Verviers, en contrepartie de son seul échevinat, Nouveau Verviers aurait demandé un mandat important, et rémunérateur, dans une intercommunale. Cette polémique met en lumière les coulisses des formations de majorité. Comment se passent exactement les négociations entre les groupes politiques ? Qu’est-ce qui est mis sur la table ? C’est ce que nous avons voulu savoir.
Un échevinat n’équivaut pas à un autre
A Verviers, les négociations se sont poursuivies durant toute la nuit de dimanche à lundi et encore la journée de lundi. Après les convergences de programmes, le nombre d’échevinat dévolu à chaque partenaire a été débattu ainsi que les matières qui y sont liées.
Voilà 6 ans, Pierre Moson, ancien échevin MR était un acteur clé des pourparlers à Verviers: "Il y a des échevinats qui ne sont pas porteurs électoralement. Il y a des échevinats plus ardus comme les finances ou le budget et puis, il y en a qui sont un peu plus sexy, qui demandent un peu moins de travail mais qui ont plus de visibilité... Donc tout cela, c’est un savant dosage... Et puis il y a aussi les intérêts que chaque parti a pour telle ou telle compétence en fonction de son programme ou autre".
Mandats publics: "pour consoler un candidat écarté ou déçu"
Les mandats dérivés, dans les intercommunales et les asbl, font aussi partie du "package des négociations au niveau communal", soutient le politologue de l’ULiège, Geoffrey Grandjean.
"C’est courant et, j’ai envie de dire, que c’est normal puisqu’on représente les intérêts de la commune et donc, si on gère le Logement qu’on soit à Logivesdre, cela me paraît quand même logique, signale Pierre Moson. Et puis, il n’y a pas autant de mandats d’échevin que de candidats. Et parfois, pour consoler un candidat écarté ou déçu, on peut peut-être lui attribuer une intercommunale en fonction de ses intérêts voire même en fonction de la rémunération du mandat".
Depuis Publifin, fini pour les petits partis d’être présent aux intercommunales
Se limitant à un seul échevin – alors que Nouveau Verviers en voulait deux - le groupe citoyen aurait exigé en contrepartie un mandat dans une intercommunale importante. Le seul hic, c’est que depuis l’affaire Publifin, les petits groupes n’ont plus voix au chapitre.
"Il faut savoir que dans ces régies communales autonomes, dans ces intercommunales, on applique une clé proportionnelle en fonction du nombre d’élus au conseil communal et donc, chaque parti peut prétendre à un certain nombre de postes d’administrateurs. Avant Publifin, les petits partis en fait, n’étaient pas souvent représentés par un poste d’administrateur. On avait alors mis en place des administrateurs surnuméraires ce qui permettait à ces petits partis d’avoir quand même voix au chapitre, explique Geoffrey Grandjean, politologue à l’Université de Liège. Et puis, il y a eu l’affaire Publifin, on a reserré drastiquement la gouvernance et on a supprimé la possibilité de désigner des administrateurs en surnuméraire. Les petits partis ne peuvent donc plus nécessairement avoir des représentants dans les conseils d’administration des intercommunales".
Au lendemain du scrutin, de nombreux élus, comme ceux de Nouveau Verviers, vont ainsi devoir s’apparenter à un des partis traditionnels pour pouvoir représenter la commune dans des associations et des intercommunales.