Un homme de 37 ans a-t-il voulu vraiment tuer son épouse, mère de 4 enfants, au centre pour réfugiés de Jalhay ? C’est la question qui se pose au tribunal correctionnel qui devra trancher entre deux visions du dossier, car le prévenu conteste tout acte allant dans ce sens.
Ali est un Palestinien de 37 ans qui est venu rejoindre son épouse et ses quatre enfants au centre pour réfugiés Fedasil de Jalhay. Il n’est pas là depuis plus de deux jours qu’une dispute éclate au sein du couple. « Elle était en colère car elle a cru que j’avais laissé tomber mon travail en Espagne » explique-t-il au tribunal correctionnel où il comparaît détenu.
C’est qu’on lui reproche deux scènes très graves. La première se déroule le 28 novembre dernier. Lors de cette dispute, il l’aurait menacée d’un couteau, faisant le geste de planter le couteau au thorax. « Pas du tout, c’est un malentendu, je n’ai jamais eu de couteau. La guerre en Palestine nous a tous plongés dans un état de nervosité » rétorque-t-il. Ce n’est pas que racontent deux de ses enfants, témoins de la scène. « Il a brandi un couteau et fait un geste vers elle. On a cru qu’il allait tuer maman » disent-ils de concert.
Ma femme, c’est mon diadème
Mais il y a plus grave encore : le lendemain, nouvelle dispute car l’épouse voulait se séparer de lui, semble-t-il. Il pique une nouvelle colère, et là, après l’avoir malmenée, aurait tenté de l’étrangler, ne relâchant la pression qu’après qu’elle se serait évanouie quelques instants. En témoignent des ecchymoses au visage et au cou, et les dires des enfants selon qui leur maman avait une voix très faible pendant trois jours. Mais il conteste malgré tout : « Elle est vivante, je l’aime, c’est mon diadème, je ne peux pas vivre sans elle » affirme-t-il. Dès lors, pourquoi se serait-elle ruée à l’accueil en hurlant « mon mari a voulu me tuer » ? Il admet avoir mis sa main sous sa bouche pour l’empêcher de crier, d’où les ecchymoses. Puis il finit par s’excuser. De quoi, puisqu’il n’a rien fait ?
L’option d’une famille unie
Invitée à confirmer ses dires à la police, l’épouse a cette réponse étonnante : « C’est mon époux. Si je suis allée à la police, c’est dans le but d’une conciliation, pas de le mettre en prison. Je suis sous pression car j’ai de la famille à Gaza, et je ne sais pas s’ils sont encore vivants. Je veux qu’il sorte de là, car nous avons pris l’option de vivre en famille unie, pour nos enfants ».
Alors, tentative de meurtre ou pas ? Pour Me Zegels, elle ne fait aucun doute. Ainsi, il a dit à son épouse qu’elle allait rejoindre sa mère décédée. Et aux enfants de dire adieu à leur maman. Des témoins ont entendu les hurlements de sa femme, et les traces à la base du cou et à la bouche en témoignent. Elle réclame donc 3 ans de prison.
Un mari et un père aimant
Mais pour son avocat, Me Abriga, Ali est un père et un mari aimant, qui n’a jamais voulu tuer sa femme. La preuve ? Il l’a relâchée. La situation du couple s’est dégradée suite à la guerre à Gaza. Pour lui, si elle a inventé cela, c’est pour pouvoir bénéficier seule des aides sociales. Les traces de strangulation ne sont pas claires. Les déclarations des enfants ? Ils étaient dans un conflit de loyauté vis-à-vis de leur mère, qui les a polluées. Il réclame donc son acquittement pour la tentative de meurtre. Jugement dans quinze jours. (Luc Brunclair)