A Stoumont, le nouveau réglement adopté par la majorité au dernier conseil communal pourrait faire de Stoumont la première commune de Wallonie à interdire le nourrissage sur l’ensemble de son territoire, un règlement qui, s’il est validé par la Ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier, devrait favoriser le retour à l’équilibre forêt /gibier, un équilibre rompu depuis quelques années déjà.
Une première en Wallonie qui risque de faire du bruit et peut-être boule de neige. Stoumont vient en effet d’adopter un règlement communal sur base d’un article relatif à la loi de la conservation de la nature, un règlement qui vise à interdire sauf situation exceptionnelle le nourrissage du grand gibier sur l’ensemble du territoire. Objectif de cette mesure : diminuer les populations de cervidés!
"Cet article,précise Marie Monville Echevine du Patrimoine forestier, basé sur la loi de la conservation de la nature, n’a jamais été activé dans ce cadre. Il s’agit de l’article 58 quinquies qui permet à un conseil communal de prendre un réglement plus stricte que les dispositions supérieures en l’occurrence ici, la réglementation régionale sur le nourrissage et ce, dans un but bien précis de conservation des espèces végétale et animale non gibier".
Il faut dire qu’ici la pression sur la forêt est énorme et les dégradations importantes.
"Sur la commune de Stoumont, on trouve l’une des plus fortes densités de cervidés de Wallonie et c’est problèmatique sur le territoire parce que ces cervidés par différents processus que ce soit le piétinement, l’abroutissement, l’écorcement ou la prédation portent atteinte à fois à l’espèce végétale, aux espèces protégées mais aussi à la régénération du milieu forestier et aussi des espaces agricoles."
Toutes ses dégradations ont d’ailleurs entraîné, il y a un an, la suspension du label PEFC. Résultat, la commune ne peut plus vendre du bois étiqueté gestion durable. La chasse comme mode de régulation ne semble pas pour l’heure permettre un retour à l’équilibre dans de nombreux secteurs d’autant que les plans de tirs 2021-2022 n’ont pas, tous, pu être atteints.
"Il faut savoir que lors du dernier recensement de printemps, malgré les pressions qui ont été opérées à différentes échelles; les courbes de densités sont toujours à la hausse. Hors notre volonté est clairement de pouvoir changer la trajectoire pour le futur et pour le bien de la forêt".
Sur certains secteurs, on compte près de 200 têtes pour 1000 hectares soit 5 fois plus que les densités habituellement admises d’où la volonté de la commune de passer à la vitesse supérieure et surtout d’inverser la tendance en adoptant ce règlement qui interdit le nourrissage artificiel.
"Le nourrissage artificiel, poursuit Marie Monville, amène une disponibilité alimentaire qui favorise en tout cas des taux élevés de populations hors c’est là-dessus que nous voulons vraiment jouer. En diminuant, cette disponibilité alimentaire nous pensons que cela va impacter les populations".
Le retour à l’équilibre ne se fera pas sans mal. Pour être effective, cette réglementation sur l’interdiction du nourrissage doit encore être validée par la Ministre régionale de l’Environnement, Céline Tellier; une mesure qui ne fera pas que des heureux mais qui a le mérite de rappeler que la chasse doit être aujourd’hui au service de la nature et non l’inverse! (Abi)