Le long de la Vesdre, on ne compte plus les barquettes de beurre venant de l’usine Corman située en amont. Les rives ont été saccagées mais le spectacle est encore plus désolant sous terre. Ici, l’eau est montée jusqu’au niveau de la vire qui raie la paroi verticale du porche. La grotte naturelle de Nasproué est connue des spéléologues mais n’est pas la plus fréquentée. "C’est un endroit qui est intéressant pour les spéléologues mais aussi pour les grimpeurs grâce aux voies d’escalade de haut niveau qui montent sur le parroi", explique Patrice Dumoulin, Spéléologue.
Chaîne humaine pour remonter les déchets
A l’entrée de la grotte, des centaines de raviers de plastique jonchent le sol. Et dans les anfractuosités, même en hauteur… Un travail colossal attend ce groupe de spéléologues venus en opération nettoyage. " Il y en a partout ! Jusque dans les siphons, on retrouve des barquettes de beurre. Une partie des déchets a été enlevée par les spéléos mais il va falloir à présent tout remonter jusqu’à la route supérieure. Nous allons faire une chaîne humaine et remonter tous les déchets à l’aide de cordes", raconte Patrice Dumoulin.
Du gouffre Berger à Nasproué
Deborah est une spéléologue passionnée. Il y a quelques jours encore, elle traversait le gouffre Berger en France longtemps considéré comme le plus profond du monde. Aujourd’hui, elle vient prêter main forte à Nasproué. Pour les spéléologues, la beauté des grottes ne peut être altérée par des déchets entreposés suite aux inondations. Mais il y a aussi d’autres raisons. " Sous terre, il y a une biodiversité assez importante mais on ne peut pas s’en rendre compte sans être un habitué des lieux. C’est aussi pour préserver, pour sauvegarder... Il y a des concrétions magnifiques qui ont été abîmées à cause de la crue", explique Deborah Di Franco, Spéléologue.
Le travail de nettoyage sera long mais indispensable. Aujourd’hui, ils sont une quinzaine à s’être déplacés avec pelles, tronçonneuses et sacs poubelles. Un énorme travail de déblais les attend. " Les spéléologues ne sont pas nombreux en Belgique mais nous sommes tous très motivés à sauvegarder notre patrimoine sous-terrain", insiste Deborah Di Franco.
Le milieu souterrain a lui aussi été impacté par les pluies torrentielles du mois dernier. Plusieurs sites ont d’ailleurs subi des modifications plus ou moins importantes. L’union belge de spéléologie invite à la plus grande prudence si d’aventure vous songiez à retourner sous terre dans les jours à venir… Même dans les cavités dites « classiques ». (Manu Yvens)