Dans les repas de famille ou entre amis, c’est devenu le sujet de conversation : la hausse des prix de l’énergie. Dans les rues de Herve, il suffit de tendre le micro pour se rendre compte de l’impact du poids de ces factures sur les ménages.
"On diminue les dépenses de loisir"
"Au niveau de la facture d’électricité, elle a triplé et au niveau de l’eau, je suis passé de 53 euros à 84 euros par mois. Du coup, on analyse tous les surcoûts et on diminue certaines choses. On tente de privilégier la nourriture et on diminue les loisirs personnels », explique cet ouvrier dans le bâtiment.
"On n’ose plus allumer la lumière"
« Dans l’appartement, il ne fait pas chaud mais on a peur de rallumer le chauffage alors je mets un pull en plus. L’électricité, c’est pareil. Le soir, on reste dans le noir. On n’ose pas allumer une lumière même si j’ai des led partout. On ne fait plus des plats mijotés. C’est comme ça. On n’a pas le choix », explique cette Hervienne.
"Un salaire ne suffit plus"
« On a dû faire des investissements dans les panneaux solaires parce que cela devient infernal. Un salaire ne suffit plus. J’ai un taux fixe encore un mois ou deux puis, c’est fini. Quand on paie 2000 euros pour 1500 litres de mazout, c’est un budget. Je pense que notre gouvernement a vraiment intérêt à faire quelque chose», soutient une autre Hervienne.
"Des petits pensionnés vont mourir de froid"
« Quand on voit ce que j’ai repayé au mois de juin. C’est affolant. En donnant des acomptes de 300 euros, j’ai dû repayer 1300 euros sur l’année pour l’électricité en ayant la même consommation. Moi, je plains les petits pensionnés, il y a des gens qui vont mourir de froid", signale cette aide-familiale.
"Le pain, on va le mettre à 10 euros?"
« Je suis passée de 300 euros à 700 euros chaque mois. On va bientôt devoir décider en soit se chauffer, soit se nourrir, poursuit sa collègue. On ne sait pas où cela va s’arrêter. C’est en permanence. C’est tout. Vous allez faire vos courses ? Le pain? On va le mettre à 10 euros? Qu’est-ce qu’on va faire ? On va faire la révolution sans doute. On va arriver à ça. Parce qu’on se tait, on se tait, mais un moment donné ce ne sera plus possible".
Les demandes explosent au CPAS
Au CPAS de Herve comme dans les autres CPAS wallons, les demandes d’aides explosent.
20% des Belges bénéficient d’un tarif social en raison de leurs très bas revenus. Pour les autres demandeurs, le CPAS peut aussi les aider, notamment en vérifiant leurs factures, en les analysant et en demandant, éventuellement, d’échelonner les paiements. Parfois, les acomptes peuvent être revus à la baisse.
« Les fournisseurs appliquent une politique où ils protègent leur société et demandent des acomptes parfois injustement élevés, précise Eric Jérôme, le président du CPAS de Herve. Mais le problème pour le citoyen est qu’il se voit impacter d’un double loyer rien qu’avec la facture énergétique ».
200 euros de réduction en novembre et en décembre
Le gouvernement fédéral vient d’allouer une réduction de 135 euros par mois sur la facture de gaz et de 61 euros pour celle d’électricité en novembre et décembre. Un nouveau chèque mazout de 300 euros est aussi prévu. 85% des travailleurs sont concernés. Les 15% restant, les plus hauts revenus, verront cet avantage imposé.
Les CPAS peuvent quant à eux utiliser des fonds d’aides pour soutenir les ménages écrasés par ces factures énergétiques. La crainte du CPAS de Herve est que ceux-ci soient insuffisants si la crise énergétique persiste.
Bref, pas encore de grande éclaircie à l’horizon... Plus de 60 % des Belges, selon un dernier sondage de nos confrères du Soir-RTL-Ipsos, voient d’ailleurs leur avenir assez sombre et pensent ne pas réussir à payer leur facture énergétique.
(Aurélie Michel)