Rencontres autour des dernières découvertes archéologiques d'Ardenne

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La Station scientifique des Hautes Fagne a accueilli la 3ᵉ édition des journées d’actualité de la recherche archéologique en Ardenne-Eifel. Celles-ci ont réuni des archéologues venus de France, d'Allemagne, du Luxembourg et de Belgique !

La Station scientifique des Hautes Fagnes accueillait cette semaine la troisième édition des journées d’actualité de la recherche archéologique en Ardenne-Eifel. Ces journées initiées par le Centre ardennais de recherche archéologique de Charleville-Mézières ont comme objectif de jeter un pont entre la France, l’Allemagne, le Luxembourg et la Belgique afin de favoriser les échanges et la mise en commun des derniers résultats relatifs aux recherches menées dans le massif ardennais, des découvertes qui doivent beaucoup aux nouvelles technologies comme celle du lidar. Les explications de Maxence Pieters – le directeur du Centre ardennais de recherches archéologiques de Charleville-Mézières :  

On a notamment les nouveaux outils de détection comme le lidar. Celui-ci permet de réaliser un relevé micro topographique de la surface du sol. Grâce à ça, on arrive spécialement dans nos régions qui sont fortement boisées à avoir des cartographies assez précises de tous les vestiges. Alors, on a les vestiges de toutes les époques. On va avoir des aires de faulde du siècle dernier. On a les tumulus gaulois...  Tout est mélangé et après à nous d'aller sur le terrain et puis de démêler tout ça, de faire des fouilles pour préciser les choses. Et en fait, plus on avance, plus on se rend compte que l'Ardenne qui était censée être une terre vierge, ben en fait, il y a des vestiges partout ! 

C’est sans doute grâce un peu au lidar que Xavier Deru, professeur d’archéologie gallo-romaine, a lui entrepris il y a quatre ans des fouilles à Eynatten sur un chantier pourtant démarré dans les années soixante.  Celles-ci ont permis de mettre au jour les vestiges d’un bâtiment qui remonterait à l’époque romaine, des fouilles qui devraient se poursuivre l’été prochain.  

Le chantier peut durer des années et les vestiges archéologiques de la période romaine sont omniprésents dans notre paysage. Mais l'archéologie, c'est une question de budget, de moyens. Pour le projet de Eynatten en particulier, on essaie d'avoir un équilibre entre notre objectif culturel et la sauvegarde du bois dans lequel ce site se trouve, parce que ce bois est protégé dans le cadre de Natura 2000. Et donc on ne veut pas faire table rase de la forêt au profit de l'archéologie. On essaie de concilier les deux.

Thomas Hennuy et Christelle Draily se sont eux penchés sur les sites d’orpaillage en Ardenne. Ils ont fait une multitude d’analyses géomorphologiques et sédimentaires des traces liées à ces sites d’exploitation et se sont rendu compte, grâce à de nouvelles techniques de datation, que ces sites étaient sans doute plus récents que ce que l’on pensait jusqu’à présent…

On a toujours dit que c'étaient les Celtes, mais il s'agissait d'hypothèses. Et puis il y a eu une datation qui a été faite, mais en réétudiant ces datations et je me suis rendu compte qu'elles n'étaient pas fiables du tout. Et on vient d'en refaire et la nouvelle datation dit que c'est plutôt la fin de l'époque romaine. Mais ceci dit, ça ne veut pas dire que tous les tertres d'orpaillage datent de cette période-là. Il faudrait faire différentes études sur différents endroits, et même sur le même site, on pourrait avoir une reprise de l'activité à des moments différents. Donc, on en est qu'au début de l'étude, mais c'est vraiment intéressant.

En un peu plus d’un siècle, la Station scientifique de l’université de Liège a vu passer plusieurs générations de chercheurs qui ont travaillé sur les particularités du plateau fagnard ; parallèlement, la station universitaire a toujours été un lieu d’échange où l’interdisciplinarité était de mise. Ces journées dédiées à l’actualité en matière d’archéologie en sont la parfaite illustration.


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