Les services d’accrochage scolaire de l’asbl Compas Format ont débrayé ce jeudi matin. La semaine dernière, ils ont appris que la Province de Liège avait décidé, de manière unilatérale, de retirer trois de ses agents détachés dans les SAS. Une décision qui passe mal d’autant plus qu’à Verviers, un emploi est d’office supprimé.
Audrey Degrange
Chaque année, ce ne sont pas moins de 50 jeunes qui sont pris en charge par le service d’accrochage scolaire de Verviers. Jean-François Fassin y est éducateur depuis 2007 et son rôle est pour le moins essentiel. « Nous encadrons des jeunes en décrochage scolaire donc qui ont soit des problèmes de comportement, qui sont exclus de leur école ou qui n’y sont plus présents depuis parfois des années suite à des circonstances de la vie, détaille celui qui est aussi délégué syndical CGSP-AMIO. On travaille sur des horaires scolaires et on encadre les jeunes pour leur permettre de réintégrer l’école dans les meilleurs délais et surtout dans les meilleures conditions. »
Ce travail d’accompagnement personnalisé est aujourd’hui mis en péril par la Province de Liège qui a décidé de retirer la moitié des effectifs qu’elle mettait à disposition des SAS. Verviers, Waremme, Seraing, les trois sites sont impactés. Raison invoquée ? La hausse du financement des zones de secours qu’elle doit assurer.« Est-ce que c’est vraiment là qu’il fallait faire des restrictions budgétaires, se demande Pedro Vega, Délégué permanent Aide à la Jeunesse – CGSP AMIO. On aurait pu négocier avec WEB et la Région Wallonne qui étaient prêts à reprendre des asbl. Et pourquoi les syndicats sont-ils obligés de sortir du bois seuls? Pourquoi ne pas avoir eu une concertation bien avant ? On aurait pu trouver des solutions ensemble. »
Car c’est bien devant le fait accompli que se retrouvent les travailleurs. Une décision qui surprend aussi à l’heure où la crise sanitaire à mis à mal beaucoup de jeunes. « On est sûr et certain qu’en septembre, la situation pour beaucoup d’enfants à l’école va être compliquée. Reprendre à temps plein et avoir un rythme sera difficile pour beaucoup donc on sait qu’on aura des demandes», assure Jean-François Fassin.
C’est donc tout un encadrement qui est compromis. Et si la Province assure, par voie de communiqué, qu’il n’y a pas de perte d’emploi. Christophe, instituteur à Verviers depuis deux ans et demi sera bien lui sans contrat au 30 juin. Deux autres agents seront, eux, recasés. De quoi laisser perplexes les syndicats.
« Même si on les recase, on ne le fait pas dans le cadre habituel des enseignants car de base, on les a pris comme instituteurs avec des compétences de travail spécifiques au décrochage scolaire. Alors oui, ils pourront peut-être convenir aux projets européens mais on sait déjà qu’ils vont s’arrêter dans deux ans alors que les SAS ont une pérennité bien plus longue », poursuit Pedro Vega.
Amarrages, c’est le nom de ce projet européen que la Province confirme par écrit vouloir soutenir. « C’est un système tout à fait différent qui est interne aux écoles donc qui passe à côté de notre public. Ce projet est européen et donc limité dans le temps. Ce ne sont pas du tout des structures comparables », insiste Jean-François Fassin.
Sollicitée pour une interview, la Province de Liège n’a pas souhaité aller plus loin que son communiqué. Elle rencontrait cette après-midi les syndicats. Une délégation qui espérait ce matin obtenir des certitudes quant au cadre alloué aux services d’accrochage scolaire pour la rentrée prochaine.