Le débardage au cheval est aujourd’hui plus que jamais une technique en phase avec les préoccupations écologiques actuelles. Pourtant par manque de débardeurs, cette pratique ancestrale pourrait bien disparaître!
Il est encore des endroits au coeur des forêts ardennaises, où l’homme et le cheval travaillent de concert. Si les machines ont progressivement remplacé l’utilisation du cheval de trait pour le débardage par souci de rentabilité et de productivité, il n’empêche que cette pratique d’un autre temps encore d’actualité présente bien des avantages comme nous l'explique Sabine Lambot, Agent DNF - Cantonnement d'Aywaille.
La faible portance du cheval soit l'empreinte qui va se résumer à ses quatre sabots va permettre d'éviter le tassement du sol, et on sait que les sols compactés sont moins susceptibles de recevoir de l'eau et des sels minéraux en profondeur ce qui est alors préjudiciable au développement des racines, à la germination, à la croissance des arbres et donc à la régénération naturelle. De plus, un cheval ça ne s'enlise pas, ça ne s'embourbe pas et donc ça ne provoque pas d'ornières. Et puis, le cheval va contribuer à la protection de la régénération naturelle grâce à sa mobilité et à sa capacité d' évoluer dans des espaces plus fermés sans occasionner de dégâts.
On fera souvent appel au cheval dans les cas de premières éclaircies comme ce matin dans cette petite pessière où les espacements entre les épicéas ne permettent pas le passage de grosses machines. On privilégiera également son utilisation dans les zones sensibles ou fragiles comme les réserves naturelles.
Luc Maon est débardeur depuis plus de 40 ans. Ce métier, il l'exerce surtout et avant tout par passion. Son complice depuis 8 ans déjà s’appelle Aldo, un élégant cheval de trait brabançon plein de fougue qu’il faut pouvoir canaliser.
Luc a appris le métier sur le tas, des gestes transmis de génération en génération aujourd’hui en voie de disparition.
Le problème, c’est qu’aujourd'hui on ne saurait plus vivre de ce métier. Avant, en 1992-93 avec les 10 millions de m3 de chablis qu'on a connu, on pouvait vivre de ça ! Mais depuis qu'il y a des machines partout, on ne peut plus rivaliser. On est pas assez compétitifs. Il faut toujours avoir quelque chose à côté pour s'en sortir !
Aujourd’hui, il resterait à peine une cinquantaine de débardeurs avec chevaux de trait en Région wallonne. Seule une dizaine, exercerait ce métier à temps plein, les autres à titre complémentaire. Ce savoir-faire est en passe de se perdre et pourtant, il a plus que jamais sa place dans l’exploitation forestière mais il pourrait aussi, pourquoi pas, trouver d’autres applications utiles et pertinentes comme dans le maraîchage par exemple.