On prend la direction de Stoumont, plus précisément du tunnel ferroviaire de Cheneux. Chaque hiver, le personnel d’entretien d’Infrabel y constate la formation de stalactites. Pour remédier à ce problème, qui représente un danger, des travaux hors du commun sont actuellement entrepris.
Le réseau ferroviaire belge compte 120 tunnels. En raison de conditions locales particulières, une dizaine d’entre eux est sujette, chaque hiver, à la formation de concrétions de glace. Ces stalactites – mesurant parfois plusieurs mètres – représentent un danger pour les trains et pour le personnel d’entretien qui arpente les voies. Infrabel a donc décidé d’entreprendre des travaux d’un nouveau genre : un traitement spécifique « anti-stalactites ». Le tunnel de Cheneux, situé entre Liège et la frontière luxembourgeoise, en est le terrain d’essai.
Des inspections humaines presque quotidiennes pour limiter les risques
De mémoire « infrabelienne », le record du genre se situerait à plus 3m de longueur : une stalactite géante repérée, au cours de l’hiver 2022-2023, lors de l’inspection d’un tunnel situé dans la région de Beauraing. Elle a été immédiatement brisée en raison du risque conséquent qu’elle représentait. Une telle concrétion pourrait en effet s’avérer mortelle en cas de chute sur un technicien. Vu sa taille et son poids, elle pourrait aussi gravement endommager un train ou encore occasionner un court-circuit en entrant en contact avec les câbles électriques. Une stalagmite pourrait, elle, aller jusqu’à provoquer un déraillement. Ces amas de glace se forment régulièrement dans une dizaine de tunnels ferroviaires sur les soixante que compte le réseau belge. Il s’en forme chaque hiver dans des proportions qui varient en fonction des températures minimales atteintes. Stoumont, Beauraing, Fouron ou encore Bertrix, regroupent les conditions idéales : des infiltrations d’eau combinées à une exposition au vent et au froid. Seules des interventions humaines presque quotidiennes, nécessitant parfois la mise en œuvre d’engins de travaux, permettent de s’en débarrasser avant qu’elles constituent un réel danger.
Une solution technique innovante pour limiter l’impact sur le trafic Pour prévenir la formation de ces concrétions, la mesure privilégiée jusqu’il y a peu consistait à refaire complètement l’étanchéité d’un tunnel en démolissant, puis en reconstruisant, sa voute. Un travail lourd, très couteux et ayant un impact conséquent sur le trafic puisqu’imposant la fermeture du tunnel pendant plusieurs mois. L’hiver dernier, les ingénieurs d’Infrabel ont élaboré une technique innovante et plus souple à mettre en œuvre. Ils l’ont testée sur une portion de quelques dizaines de mètres du tunnel de Cheneux (Stoumont) qui en mesure 250. A la clé, des résultats probants puisqu’aucune stalactite n’a été signalée. Concrètement, ce nouveau traitement consiste à poser une membrane dotée d’un fin treillis sur la voute, avant de l’enduire de mortier. L’eau se trouve ainsi canalisée vers le pied du tunnel et empêchée de former des amas de glace à son sommet. En quelques jours, près de 3000m2 de voute seront ainsi traités à Stoumont par une équipe d’une cinquantaine de personnes à l’œuvre 20h/24 et 7j/7. La facture de ce premier chantier « anti-stalactite » se monte à environ 1 million d’€ ; une somme conséquente mais judicieusement investie car ces travaux permettront peut-être d’éviter des accidents et devraient, à coup sûr, limiter le nombre – et donc les frais liés à – des interventions manuelles curatives.
Interruption du trafic entre Rivage et Gouvy du 19 octobre au 3 novembre
Ces travaux s’inscrivent dans le cadre d’une interruption totale du trafic des trains du 19 octobre au 3 novembre entre Rivage et Gouvy (Ligne 42). Les équipes d’Infrabel mènent à bien plusieurs chantiers indispensables au maintien de la sécurité et de la performance du réseau. Outre l’entretien des tunnels, elles s'attellent à sécuriser de parois rocheuses et des murs de soutènement. D'autres équipes sont chargées de renouveler certains composants de l'infrastructure, notamment des portions de rail, et de réaliser diverses tâches de maintenance au niveau de la caténaire et de la signalisation. Durant cette période, tous les trains circulant entre Rivage et Gouvy seront remplacés par des bus
Plan automne-hiver : des actions ciblées pour préserver la ponctualité
Ce chantier coïncide avec la phase de vigilance hivernale traditionnellement lancée à cette période de l’année. Depuis le 1er octobre, les équipes d’Infrabel reçoivent, plusieurs fois par jour, des prévisions météorologiques spécifiques. Ces bulletins mettent en garde contre les phénomènes climatiques les plus susceptibles de perturber le trafic ferroviaire : chutes de feuilles, mais aussi vent, givre voire verglas et neige. En fonction de ces prévisions, diverses mesures préventives peuvent être prises.
Des inspections ciblées des infrastructures permettent de mettre le doigt sur les éventuels points critiques des rails et de la caténaire susceptibles de se casser en cas de fortes variations de température. Ces dernières semaines, les équipes de terrain ont également contrôlé le bon fonctionnement des installations de chauffage des aiguillages sur les voies principales. Ce chauffage sert à éviter que la neige et le verglas bloquent les aiguillages.