Les sécheresses et les scolytes ont fait des ravages dans nos forêts. La Wallonie veut encourager les propriétaires à remplacer les monocultures d’épicéas par une forêt plus diversifiée et plus adaptée aux changements climatiques. Trois millions d’euros sont débloqués pour ce projet-pilote « Forêt résiliente ». Les propriétaires privés et publics peuvent déposer leurs demandes d’aide jusqu’au 30 juin. A Hombourg, un couple souhaite en profiter pour remplacer sa parcelle décimée par le scolyte.
Les arbres avaient été planté par la génération précédente. Les hivers doux successifs ont favorisé la prolifération d’un insecte dorénavant bien connu, le scolyte. Auparavant, il ne s’attaquait qu’aux arbres malades. Aujourd’hui, il a décimé cette parcelle de résineux. Une fois abattus, les feuillus restant, fragilisés, ont été balayé par la tempête.
« On voit quand même bien tous qu’il y a des changements climatiques. S’il y a eu des attaques de scolytes c’est parce qu’il y a eu des printemps très très chauds, des phénomènes climatiques qu’il n’y avait pas ou peu il y a 10 ou 20 ans", explique ce propriétaire forestier de Plombières, Didier Anciaux.
60% des essences de nos forêts inadaptées
60% des essences de nos forêts seraient inadaptées à ces changements. C’est là qu’intervient le projet-pilote de forêt résiliente lancé par la région wallonne. 3 millions d’euros sont dégagés pour aider les propriétaires à changer leur pratiques et opter pour des forêts qui résistent mieux aux aléas climatiques et favorisent la biodiversité.
Diversifier les plantations
Première règle à remplir pour bénéficier de cette aide : diversifier ses essences. Ce couple d’Hombourg a fait appel à la cellule d’appui à la petite forêt privée pour la conseiller dans ce sens.
"Planter une forêt diversifiée, cela va inévitablement entraîner des surcoûts. Des surcoûts liés aux plants plus chers que d’autres – un plant de feuillu sera toujours plus cher que beaucoup de résineux – le choix de certaines espèces va aussi entraîner un coût de protection face au gibier", signale Vincent Colson, Responsable Cellule d’Appui à la Petite Forêt Privée.
L’incitant financier wallon est d’autant plus la bienvenue que souvent, ces bois ont été liquidés à bas prix. Ici, par exemple, la vente de ces arbres d’une cinquantaine d’années ne couvrent même pas le coût d’une plantation diversifiée.
S’en est fini de copier les plantations du voisin
Diversification donc mais aussi adaptation à la nature du sol. Le sol de la parcelle va être analysé à différents endroits pour choisir les essences les plus adéquates.
"Parfois on regardait ce que le voisin avait planté et on plantait la même chose. Cela a marché un temps. Cela marche parfois toujours mais ici dans une perspective où on sait que le climat change, il faut vérifier si le sol est dans l’état actuel sera bien apte à accueillir l’essence», précise Vincent Colson.
Les dossiers de demandes de subvention au projet-pilote « forêt résiliente » doivent être introduits pour le 30 juin sur la plateforme en ligne du même nom. Un montant de subside de 2000 euros l’hectare est prévu avec des aides complémentaires pour la création de lisières favorisant la biodiversité ou des espèces à haut potentiel biologique. (Au.M)