À l’occasion du centenaire de la naissance du dessinateur Raymond Macherot, le Centre culturel de Verviers présente une exposition baptisée « Raymond Macherot, le centenaire , une exposition qui est à découvrir à l’Espace Duesberg dès demain jusqu’au mercredi 27 mars prochain.
Clifton, Chlorophylle, Chaminou, Pantoufle, Mirliton, Sibylline sans oublier Anthracite, ils sont tous là ou presque. Tous ces personnages d’encre et de couleurs se sont donnés rendez-vous à l’espace Duesberg le temps d’une exposition dédiée à celui qui leur a donné forme et vie à savoir Raymond Macherot, un homme discret au talent immense dont l’oeuvre a séduit ce jeune français de 26 ans, cheville ouvrière de cet événement culturel et artistique.
" On a travaillé par personnages, par univers. En bas, on a rassemblé tout ce qui concerne l’oeuvre. On va découvrir chaque personnage. A l’étage, c’est plutôt l’atelier. On a essayé de reconstituer sa table à dessins voir comment il travaillait. On a essayé de montrer comment Macherot était aussi un dessinateur de l’intime… »
Raymond Macherot a vu le jour à Verviers voici bientôt un siècle, le 30 mars 1924. D’abord journaliste au Courrier du Soir, il intègre comme dessinateur l’équipe du Journal Tintin en 1953. Avec le temps, il délaisse la BD réaliste pour la BD humoristique et animalière. Il imagine Chlorophylle et puis une kyrielle d’autres personnages dont l’attachante Sibylline, une petite souris intrépide et têtue à qui il consacrera une bonne partie de sa vie jusqu’en 1990, année qui marque son retrait du monde des bulles.
« En fait, au journal de Tintin, il ne se sentait pas très à l’aise dans la rédaction - poursuit Antoine De Filippis - d’ailleurs il a essayé de s’en éloigner. Il avait l’impression d’avoir beaucoup plus d’amis du côté de Spirou. Il pensait avoir beaucoup plus de liberté créative. C’est pour ça qu’il a décidé de changer pour Spirou. Malheureusement au bout de 5 ans chez Spirou, il est tombé en dépression donc son passage chez Spirou a été aussi un peu compliqué. Mais il laisse une oeuvre très sensible là aussi avec notamment son personnage Sibylline qui l’a occupé pendant près de 20 ans ».
« Raymond était quelqu’un de très réservé - nous explique Victor Demarteau - ami de Raymond Macherot - il a fait une grave dépression début des années 90' et il ne voulait plus entendre parler de la bande dessinée pour lui c’était une page qui avait été tournée. Il voulait simplement vivre avec son épouse, sa fille, sa petite-fille, son petit-fils…C’était vraiment son cocon ».
Verviers est le creuset de nombreux dessinateurs et bédéistes de renom comme Jacques Martin, Roger Leloup, Maurice Maréchal, Paul Deliège, Didier Comès et d’autres. Raymond Macherot ou le dernier géant de l’âge d’or de la bande dessinée belge était attaché à sa région, à ses racines. Ecologiste avant l’heure, il aimait aussi les pirates et était un inconditionnel du roman de Stevenson « L’île au trésor ». S'il s’est inspiré de Calvo ou encore de Walt Disney, son dessin, sa patte et ses histoires loin d’être enfantines ont influencé bon nombre de dessinateurs d’ici et d’ailleurs.
« Il y a beaucoup de dessinateurs qui sont passés chez lui - précise encore Antoine De Filippis - à commencer par René Hausman qui arrive chez lui en 54’ et qui est très très surpris par tout ce que Macherot fait. Raymond était très ami avec André Franquin, Willy Maltaite, Maurice Maréchal lui aussi verviétois comme Noël Bissot … Oui, il y a toute une galaxie de dessinateurs qui gravite autour de Raymond Macherot ».
Si vous connaissez l’œuvre de Raymond Macherot cette exposition sera pour vous une délicieuse Madeleine de Proust pour les autres ce sera une merveilleuse plongée dans l’univers poétique de ce dessinateur animalier qui savait mieux que personne croquer la société humaine et ses travers et qui, au crépuscule de sa vie, s'est aussi adonné à la peinture.
Entrée libre : L’exposition est accessible du lundi au vendredi de 09h30 à 12h30, et de 13h à 17h