Notre région en général ne peut pas y échapper. Le cadmium est présent presque partout, l’industrie du plomb et du zinc étant passé par là. Aujourd’hui les maraîchers en payent les conséquences. Le taux de pollution des sols est élevé et cette pollution se transfère vers les légumes. Des normes européennes concernant la concentration en cadmium et en plomb sont donc d’application mais, néanmoins, inapplicable dans notre région. "Le problème est que cette norme n’est pas réaliste et qui ne correspond à rien de cohérent aujourd’hui. Vous avez certains légumes qui ont une norme plus haute que d’autres. La moule, la norme est très élevée, pourquoi ? On ne sait pas. Il y a comme une boite noire qui est inaccessible, incompréhensible", explique Renaud Keutgen du Réseau Aliment Terre de l’Arrondissement de Verviers.
À Olne, "la ferme dans l’assiette" en a fait les frais. Installés depuis 2015, ils n’ont jamais été informés, disent-ils, du taux de pollution de leurs hectares. La norme, qui a encore baissé cet été, a été dépassée pour plusieurs planches de légumes. Frédéric et Jérôme ont donc préféré fermé. Mais ils craignent aujourd’hui de perdre, non pas leur job, mais leur projet de vie. " Nous avons eu un contrôle AFSCA, le premier en 7 ans, qui a révélé, après analyses, que notre chou frisé dépassait les normes européennes. Nous avons donc été sommés de détruire cette marchandise et de ne plus la vendre", explique d’un des deux maraîchers. Et l’autre d’ajouter. "Nous ne pouvons pas travailler dans de l’incertitude de pouvoir vendre ou non nos produits. On a mis énormément de légumes en analyse. Suivant les résultats, on devra peut-être les détruire aussi. On a donc préféré fermer".
Les deux maraîchers, aujourd’hui, non plus rien à perdre. D’autres se taisent encore mais sont pourtant aussi dans le cas. Ils veulent donc réagir et vite, la saison approchant à grands pas. Mais malheureusement, il n’existe pas encore de solution miracle. " Pour un maraîcher, ce n’est pas tenable d’appliquer ces normes en province de Liège, c’est clair. Soit le pouvoir politique décide qu’il faut appliquer ces normes. Dans quel cas, les maraîchers devront arrêter leur production. Mais c’est toute la microéconomie qui sera impactée. Donc, soit ils assument ou alors ils se bougent et ils essaient d’avoir une dérogation et, encore mieux, d’avoir aussi une vraie étude qui cherche à prouver ce que ça peut donner éventuellement pour la santé car, là non plus, on ne sait pas ce que cela peut faire sur la santé des gens", ajoute encore Renaud Keutgen.
Sans réaction des autorités, le maraîchage en circuit court dans les vallées de notre région pourrait donc vivre ses derniers instants. (M.B)