Véritable chancre hier, la Maison du Prince a retrouvé toute sa splendeur. Splendeur qui devait être la sienne voilà plusieurs siècles. Cette maison verviétoise aurait servi de lieu de résidence aux Princes Evêques et à leurs cours. Une maison de chef d’état, en quelque sorte.
"Elle aurait pu accueillir les princes évêques de la Principauté de Liège lorsqu’il venait visiter leur bonne ville de Verviers. Il s’agit donc ici d’un pied à terre, d’un lieu de travail, directement situé ici près de l’administration et de l’ancienne église Saint-Remacle", précise Michaël Laurent, architecte à l’Atelier PHI.
Vendue à l’époque pour 7650 euros
Classée au niveau des façades avant et de la toiture, cette maison serait aussi l’une des plus ancienne de Verviers puisqu’un de ses pignons a été daté de 1528. Bref, c’est un morceau important du patrimoine verviétois que la Ville de Verviers tenait à sauver. C’est pourquoi elle l’a vendu pour une bouchée de pain, un peu plus de 7000 euros, à deux entrepreneurs de Battice, amoureux du patrimoine, Yves Liegeois et Giovanni Vitiello.
"Elle était vraiment délabrée! Quand on voit les photos quand nous sommes arrivés ici, il fallait vraiment avoir envie de le faire", se souvient Giovanni Vitiello, co-fondateur de la SPRL Maison du Prince.
Découverte lors du chantiers: pas 4 mais 26 fenêtres
La maison du prince abrite aujourd’hui deux bureaux à destination de professions libérales et deux appartements lumineux. Il aura fallu près de 10 ans, de nombreuses études, démarches administratives, divers aléas et quelques surprises pour obtenir ce magnifique résultat.
Surprise comme la découverte de ces parties bois taillés pour accueillir des ouvertures. Un état des lieux de 1748 déniché par l’Agence wallonne du patrimoine permet de déterminer qu’il y en aurait 26, ce qui était plutôt rare à l’époque car les taxes étaient proportionnelles au nombre de fenêtres. En cours de chantier, les plans sont adaptés en conséquence.
La couleur déterminée par des études
La couleur sur les maisons en colombages, elle, est plutôt typique du Moyen Age.
"On avait comme inspiration les couleurs en place, existantes, explique Michaël Laurent, architecte en charge de la restauration. Ensuite, c’est en collaboration avec les différents acteurs du patrimoine, sur base de différents essais et simulations qu’on a pu faire ce choix de restitution colorimétrique".
Au fil des portes poussées, des escaliers montés, la maison vieille de près de 500 ans laisse entrevoir des pans de son passé comme cette rocaille ou cette verrière du 19ème siècle, ces colombages... Ici, passé et présent dialoguent harmonieusement. Pour longtemps on l’espère. (Au.M)