Un couple risquait un an de prison pour un comportement qualifié d’harcelant et dont se plaignent tous les occupants d’un immeuble, dont une dame de 78 ans qui a manqué se suicider à cause de ça.
Patrick (55 ans) et Françoise (54 ans) sont un couple de Namurois qui ont quitté leur confortable villa pour venir s’établir à Malmedy, afin d’y écouler leurs vieux jours, charmés qu’ils étaient par la cité du Cwarmê et son carnaval, et surtout par les balades que la région leur offrait, eux qui sont des marcheurs forcenés. Mais voilà, depuis leur installation au début du confinement dans un immeuble à appartements, c’est un calvaire pour les autres occupants de l’immeuble, et principalement pour Céline (prénom d’emprunt) une dame de 78 ans qui semble être la principale cible d’un comportement du couple qualifié de harcelant. Jusqu’à tomber en dépression et faire une tentative de suicide !
Ce dont se plaint Céline, confortée par les témoignages d’une dizaine de voisins, ce sont des comportements du couple à son égard, des remarques désagréables, une observation permanente allant jusqu’à une caméra illégalement braquée sur les lieux communs, la disparition de matériel de jardinage, des griffes dans sa voiture, des comportements mesquins comme fermer la porte d’entrée alors qu’elle rentre ses courses, des blocages de l’ascenseur, d’occupation de son parking privé, de multiples altercations avec elle mais aussi d’autres voisins, des courriers dénigrants au syndic visant notamment un homme s’occupant bénévolement du jardin, et on en passe. Bref d’être des enquiquineurs de première !
De braves gens !
S’il est rare que des querelles de voisinage arrivent devant le tribunal correctionnel, la justice disposant d’autres outils pour gérer ce genre de choses, là le couple semble être allé trop loin, au point d’être poursuivi pour harcèlement et de risquer un an de prison pour leur comportement, un dossier qui comporte quelque 900 pages. Mais face à cette accusation, la défense du couple avait été étonnante : « C’est plutôt nous les victimes de Céline, qui écoutait aux portes, nous insultait, faisait du bruit en jardinant même dans notre parcelle privative, faisait aboyer son chien, et m’a même frappé alors que je lui demandais simplement de faire moins de bruit » se plaignait Patrick. Et Françoise de surenchérir : « Nous sommes de braves gens, on a essayé d’arranger les choses devant la justice de paix, mais elle n’est pas venue. On n’a pas été accepté dans la résidence, c’est tout »
Il s'est institué comme shérif de l'immeuble
Ce qui est contredit par les multiples témoignages des autres occupants de l’immeuble, qui vont tous dans le même sens, un argument dont s’était l’avocate de la partie civile : « L’ambiance était bonne dans la résidence jusqu’à leur arrivée, et s’est dégradée ensuite ». Elle réclamait la bagatelle de 20.000 euros provisionnels pour Céline.
Pour Mme Albert, ministère public, il est temps de siffler la fin de la « récréation » . « C’est un dossier réellement dérangeant. On a tout essayé avant d’en arriver là, mais le couple n’a jamais réagi à nos convocations. Il s’est institué comme étant le shérif de l’immeuble, ce n’est pas une manière de vivre en société. A espérer qu’il ne mette pas le même bordel dans l’immeuble où il est désormais installé à Verviers ! » Elle réclamait un an de prison pour les deux. Avec sursis quand même, car on ne va pas les mettre en prison pour ça. Elle réclamait aussi une amende pour la pose illégale de la caméra.
Le juge a eu la main un peu moins lourde, tout en stigmatisant l’excessive intolérance du couple à la vie en société, puisqu’il a condamné Patrick à 10 mois de prison avec sursis et 2.000 euros d’amende, et Françoise à 6 mois de prison avec sursis et 1.200 euros d’amende. Le couple devra en plus s’acquitter de 1.000 euros provisionnels sur un dommage qui sera évalué ultérieurement.