Un habitant de Seraing était accusé devant le tribunal correctionnel d’avoir exploité pas moins de trois plantations de cannabis, dont une à Dison, ce qu’il niait assez maladroitement. En vain, car il a été condamné à 2 ans de prison ferme, mais surtout de solides sanctions financières.
C’est en mai 2019 qu’un petit futé de chez Resa, le distributeur d’électricité, détecte à la suite de baisses de tension sur le réseau, la probable existence d’une plantation dans une maison de la rue Bois des Haies n°9 à Dison et le signale à la police. Une perquisition permet d’y découvrir effectivement 1.120 plants de cannabis, ce qui représente une valeur estimée de 156.000 euros pour un seul cycle.
L’enquête permet de découvrir des liens qui mènent à deux autres plantations, l’une à Plainevaux, commune de Neupré, et une autre à Sprimont. Mais celles-ci ont été évacuées, sans doute suite à la découverte de celle de Dison. Point commun entre ces trois sites, leur bail a été signé par un seul et même homme, qui payait en outre le loyer d’un montant élevé allant de 800 à 1200 € par mois. Sans cependant y habiter. Il s’agit d’un certain Jean Claude De Faveri (65) ans, domicilié à Seraing, qui est arrêté.
Devant le tribunal où il comparaissait libre, il avait prétendu mordicus qu’il n’avait rien à voir avec les plantations de cannabis et avait livré une explication un peu boiteuse : « Suite à une faillite (frauduleuse, raison pour laquelle il a été condamné à 30 mois de prison), j’avais des dettes vis-à-vis d’un ami, un certain Pascal, que je n’arrivais pas à rembourser. Il m’a proposé alors de les éponger si je lui rendais un service, celui de servir d’intermédiaire pour louer des maisons où loger des illégaux en voie de régularisation. Il me donnait l’argent des loyers en cash que je reversais aux propriétaires. J’en avais peur, et j’ai accepté. Mais je n’ai jamais su ce qui se passait à l’intérieur des maisons où je ne suis jamais rentré. Des plantations de cannabis, pour moi c’est inacceptable. ! »
Le pigeon de la farce
« On ne peut le croire un seul instant » avait rétorqué l’avocat d’une partie civile, dont la maison a subi un dommage monumental, estimé à 177.000 euros. « Il savait que cela servait à quelque chose d’illégal » ajoutait une autre qui réclamait 15.000 euros de dommage. Elles sont rejointes par le ministère public pour qui il était en connaissance de cause un rouage essentiel dans une association de malfaiteurs restés inconnus car le fameux Pascal, identifié, a obtenu un non lieu. Le téléphone du prévenu a borné à de multiples reprises à proximité des sites litigieux, et ses déclarations sont pleines d’incohérences. Il réclamait donc une peine de 30 mois de prison.
Sans surprise, la défense avait réclamé son acquittement, affirmant qu’il était le pigeon de la farce. Il n’a jamais eu la volonté déterminée de s’associer à une activité criminelle , encore moins des plantations de cannabis.
En vain, puisque le tribunal l’a condamné à deux ans de prison ferme. Mais c’est sur le plan financier que la sanction est colossale. Non seulement il devra payer près de 1.000 € de frais de justice, il devra rembourser les propriétaires des maisons pour plus de 50.000 euros, non compris un dont le dommage est estimé à 50.000 euros, et Resa pour le vol d’électricité estimé entre 25.000 et 50.000 euros.
(Luc Brunclair)