Il ne reste plus que deux boulangeries-pâtisseries artisanales à Spa! Et c’est évidemment trop peu pour une ville touristique qui compte 10.000 habitants. Il y en avait plus de 10, il y a une quinzaine d’années. Quelles sont les raisons de cette pénurie qui semble largement dépasser les frontières spadoises. Nous avons posé la question à un professionnel du secteur.
C’est l’une des deux dernières boulangeries-pâtisseries artisanales de la ville de Spa. La Maison Dôme y est implantée depuis trois générations. A sa tête, on retrouve Bruno. Depuis le début de sa carrière, il a assisté à la lente érosion du secteur. « Quand j’ai commencé à travailler, il y avait 23 points de vente à Spa. Evidemment, il y avait moins de grandes surfaces qui représentent aujourd’hui 60% de part de marché. Si les consommateurs se détournent des petits artisans, alors, c’est évident qu’ils disparaissent », explique Bruno Dôme.
Pénurie de boulangers = pénurie de boulangeries
7 personnes travaillent aux côtés de Bruno. Son personnel, il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Car, selon lui, cela ne fait aucun doute, la raison principale pour laquelle les boulangeries artisanales disparaissent peu à peu, c’est bien la difficulté des dénicher des travailleurs compétents et motivés. « Trouver des ouvriers qualifiés qui ont encore envie de travailler, c’est vraiment compliqué. Il faut ajouter à cela la pénibilité du métier et une rentabilité à la baisse au fil des années ».
100 heures de boulot par semaine
Moins rentable notamment parce que le prix de pain, produit de base par excellence, augmente peu. Il y a deux ans, le patron a pris une décision courageuse et radicale : fermer sa boulangerie un jour de plus par semaine. « Je travaillais plus de 100 heures par semaine. Ce n’était plus possible pour moi. J’ai donc fait ce choix. Dorénavant, nous fermons le dimanche, le lundi et le mardi. C’était ça ou alors je n’étais plus là. Il en allait de ma santé, de ma qualité de vie et de celle de mon personnel », ajoute Bruno Dôme.
Spa, ville de 10.000 qui ne compte que 2 boulangeries artisanales, c’est évidement problématique. Mais la pénurie touche l’ensemble du secteur. Dans l’arrondissement de Verviers, on comptait 140 boulangeries en 2016, il n’y en avait plus que 129 en 2020 (ndrl, source statbel). Et le phénomène s’est sans doute encore accentué depuis lors. (M.L.)