Le 18 juin dernier, le groupe Sulzer annonçait son intention de réorganiser son activité. A Thimister Clermont où l’on produit des pompes industrielles, l’annonce a fait l’effet d’une véritable bombe car ce sont plus de 150 emplois qui sont menacés. La procédure Renault a été lancée. Depuis, syndicats et direction ont multiplié les rencontres pour tenter de trouver un plan social acceptable. Et une solution pourrait avoir été trouvée.
Audrey Degrange
En janvier 2018, Sulzer faisait l’acquisition d’Ensival Moret et annonçait son intention d’en faire un pôle d’excellence. Deux ans plus tard, c’est la douche froide, 155 emplois sont sur la sellette. Une situation socialement dramatique qui aujourd’hui encore pose toujours question. « Clairement, on a difficile à comprendre pourquoi cette multi-nationale a racheté Ensival Moret, explique Stéphane Breda, Secrétaire régional permanent FGTB Metal Verviers. Pourquoi, elle a dû combler certaines pertes liées à un management défectueux. Je rappelle aussi que Sulzer nous avait dit, qu’en échange de royalties, il allait nous amener des gammes que nous n’avions pas pour augmenter le chiffre d’affaire. Et voila que c’est lui qui nous fait défaut. Donc Sulzer ne remplit pas le contrat et maintenant ferme la boîte. »
Pire, en ne voulant laisser qu’un centre technologique sur le site, le groupe d’ingénierie suisse aux 3 milliards d’euros de chiffres d’affaire semble vouloir vider l’entreprise de sa substance. « De notre point de vue, c’est une situation intermédiaire que pour permettre au groupe d’apprivoiser nos pompes les plus complexes et on craint très fort pour le centre technologique dans un horizon de deux à trois ans», note Jean-Marie Spronck, Délégué Setca Ensival Moret Belgium Sulzer
Et ce, alors que la société est toujours bel et bien compétitive. « On a des marchés où nous sommes leaders, confirme Jean-Marie Spronck. Le client n’achète pas une pompe Sulzer mais bien une pompe Thimister. Et ce que le groupe n’a pas compris c’est qu’en nous abandonnant, ils vont perdre une part de marché importante dans des produits à haute valeur ajoutée. »
Fort de son savoir-faire et de son expertise, le personnel a donc décidé jouer son va-tout et de se mobiliser en faisant ce mardi une contre proposition innovante à Sulzer. Adapter la masse salariale à 138 personnes en se basant sur un carnet de commande à hauteur de 38,5 millions d’euros. "Au lieu de fermer bêtement, on leur propose une restructuration, ce que les précédents directeurs n’ont jamais su faire, poursuit le délégué syndical. Les prévisions du marché sont claires, sur les deux, trois prochaines années, on sait qu’on peut augmenter notre carnet de commandes de 15% et donc de ré-engager jusqu’à 12 personnes."
Les travailleurs espèrent que leurs arguments seront entendus par Sulzer dont la réponse est attendue pour le 28 janvier.