Un jeune Limbourgeois de 28 ans était poursuivi devant le tribunal pour avoir menacé de tirer sur son père en pointant une arme sur lui. « Un chantage affectif » s’est-il justifié. Il risquait pour cela et d’autres choses 30 mois de prison, mais il n’écope que d’un an avec sursis probatoire.
Il est entre 4h30 et 5h du matin le 28 février dernier lorsque Kevin (28 ans) fait irruption, complètement givré, chez son père à Stembert, et lui dérobe deux armes, une carabine et un pistolet, qu’il pointe sur lui en le menaçant de lui tirer dessus. Ce qu’il veut ? Parler à son frère, avec qui il ne s’est plus entretenu depuis bien longtemps ! « S’il ne vient pas, je tire ! » a-t-il proféré. Le père appelle son autre fils qui arrive aussitôt, mais prévient aussi la police.
Kevin est donc arrêté, et c’est toujours détenu qu’il comparaît détenu devant le tribunal, d’autant plus que le Parquet avait d’autres dossiers à lui reprocher. Mais pour celui que le juge Kutty qualifie de plus sérieux, Kevin l’explique par un malentendu. « J’étais dans un état hystérique, mais je n’ai jamais menacé de tirer sur mon père. En fait, lorsque j’ai dit ça, c’était à tirer sur moi que je pensais. J’ai voulu faire un chantage affectif en menaçant de me suicider. »
Une version que le ministère public a du mal à avaler, d’autant plus que d’autres faits sont à lui reprocher. Ainsi, lors d’une soirée alcoolisée, en décembre 2019, s’en est-il pris à une jeune femme à qui il reprochait une mauvaise influence sur sa sœur, qu’il avait trouvée dans un état second. Lors de l’altercation, il décroche un coup de pied à la dame dont il casse le tibia !
En janvier dernier, lors d’un contrôle de police, il est trouvé en possession d’un spray au poivre et d’une matraque électrique. A quoi destinait-il ce qui est des armes prohibées ? « J’avais eu un souci avec un Tchétchène, j’ai eu très peur et donc je me suis prémuni en cas de nouveau problème ». En février, on le retrouve défonçant la porte chez une ex, cassant le TV et d’autres meubles, puis faisant de même chez les parents de celle-ci. « J’étais sous l’effet de l’alcool, je voulais en fait la faire réagir, pas lui faire du mal » se justifie-t-il.
Un vol pour effacer une vidéo
Deux jours plus tard, ce sont les faits chez son père, et puis en avril, dans un bar, il se mêle d’une dispute entre un couple qui ne le concernait pas, et se prend une gifle qui ne lui était pas destinée. Un échange de coups a lieu, puis Kevin suit le couple, et une nouvelle altercation se produit, que filme la femme. Il lui arrache alors le GSM des mains et s’en va avec, ce qui lui vaut une nouvelle prévention de vol avec violence. « Je ne voulais pas le voler, mais simplement effacer la vidéo » explique-t-il. « Quel que soit le but, c’est quand même du vol » réplique Mme Lanza pour qui cela suffit. Elle estime qu’il faut le recadrer de manière sévère. C’est pourquoi elle réclame une peine de 30 mois de prison assortie d’un sursis partiel avec des conditions très strictes.
Me Paulina Dandenne plaide sur un mode plus médical : « En fait, il a été diagnostiqué comme étant paranoïaque, une maladie difficile à traiter. Il a eu le tort d’arrêter son traitement après s’être cru guéri, d’où cette courte période de crise ». Elle recommande de le traiter via une peine de probation autonome, ce qui lui éviterait un casier judiciaire.
Il écope pour cela d’un an de prison avec sursis probatoire.
(Luc Brunclair)