16 victimes au total ! C’est le nombre d’adolescentes d’une dizaine d’années qui a pu être identifié comme ayant été victimes d’attouchements coupables de la part d’un directeur d’école de Bullange, sous les yeux de sa femme consentante. Une seule a porté plainte une fois la maturité atteinte, et trois cas sont encore sous le coup de poursuites pénales. Le couple, âgé à présent de 75 et 72 ans, risquait chacun jusqu’à 5 ans de prison. La sentence est plus modérée : 30 mois de prison, dont 15 ferme pour le mari, et l’acquittement pour son épouse.
Lors du procès qui s’était ouvert il y a un mois devant le tribunal correctionnel de Verviers, Léon Weber et son épouse Francine étaient absents, couverts par un certificat médical mais représentés par leurs avocats. C’est donc directement la partie civile, Me Wynants, qui représentait l’unique plaignante que nous avions appelée Arlette, qui avait exposé les tenants de l’affaire. « C’est un dossier particulier, dans la mesure où les faits sont très anciens, et remontent à l’époque où ma cliente avait dix-douze ans. Mais elle a traîné toute sa vie ce boulet et a fini par craquer, suite à la consultation d’un psy. Elle se plaint d’avoir été abusée sexuellement par Léon, qui l’entraînait dans sa cave pour la toucher intimement. Un récit identique à ce que racontent treize autres filles qui ont pu être identifiées mais dont les faits sont couverts par la prescription, et deux autres qui sont eux aussi l’objet de poursuites. » Et l’avocat de déplorer l’absence des accusés, alors que leur victime est là.
Un couple maléfique
Et pour être là, elle était bien là, Arlette. Et elle s’était exprimée, tout en étant submergée par ses émotions. « Je porte ce fardeau depuis des années de ce que m’a fait subir ce couple maléfique, qui a fait beaucoup de mal autour d’eux. Ils m’ont volé mon insouciance, je n’arrive pas à lâcher prise, notamment vis-à-vis de mes trois filles. J’ai peur pour elles, mais pour moi aussi, d’être violée à tout moment. C’est une souffrance inimaginable. Il m’a fallu être une guerrière pour surmonter tout ça. »
Mme Herman, ministère public, avait décrit un couple qui avait une emprise morale sur les habitants du village, et à qui les parents faisaient entièrement confiance pour des cours particuliers. Toutes les victimes, qui avaient entre 10 et 12 ans, ont culpabilisé d’être ainsi traitées, sous les yeux de sa femme qui l’excusait d’être trop affectueux parce qu’ils n’avaient pas eu d’enfant et parle de simples accolades. Elle avait réclamé 5 ans de prison pour chacun d’eux.
Mais pour leurs avocats, Mes Masset et Barthélemy, les poursuites contre eux sont irrecevables, vu l’ancienneté des faits dont les plus anciens remontent à 28 ans et les plus récents à 18 ans. Il n’y a aucune preuve matérielle, et en outre, 86 déclarations attestent de l’honorabilité du directeur d’école, connu de tout le monde comme étant quelqu’un de très tactile.
Le tribunal ne leur a pas donné raison, rejetant d’emblée l’argument d’irrecevabilité des poursuites. Il condamne Léon Weber à une peine plus légère que celle réclamée, soit 30 mois de prison dont 15 mois ferme, son épouse Francine étant acquittée. Il ne donne pas suite à la demande d’arrestation immédiate de Léon Weber, étant donné son âge, mais accorde 3.000 euros à Arlette en guise de dommages. Avec les intérêts dus depuis l’an 2.000, cela risque de grimper chérot ! (Luc Brunclair)