Le processus était assez simple : on convainc des quidams en marge de la société, des toxicomanes, des SDF, bien entendu en échange d’un payement qu’on promettait alléchant de l’ordre de 5.000 voire 10.000 euros, de faire des demandes de crédit avec de fausses fiches de paye, soi-disant comme profs émanant de l’IPES, de Ste Claire ou de l’Athénée Thill Lorrain.. Ces intermédiaires prenaient possession du véhicule, qui était immédiatement pris en charge par les commanditaires, et disparaissaient dans la nature,. Et les hommes de paille se retrouvaient gros jean comme devant, sans voir la couleur parfois d’un seul centime et ayant un gros crédit à payer.
Un trafic orchestré depuis la prison de Jamioulx
Le dossier avait démarré suite à une info parvenue à la police qu’un certain Yassine (35 ans) émettait à tout va de fausses attestations de salaire. L’examen de sa téléphonie permet de remonter jusqu’à la prison de Jamioulx et à Noureddine, un Disonais de 41 ans, qui orchestrait le tout depuis sa cellule grâce à un GSM qu’on a retrouvé et qui a permis de remonter toute la filière. C’est lui qui fournissait les données pour fabriquer les fausses fiches. C’est un gros bras de la criminalité, puisque déjà condamné à Verviers à des peines de 5, 2 et 4 ans de prison. Il reconnaissait la plupart des préventions qu’on lui reproche, en contestant l’une ou l’autre. Il avait admis qu’il gagnait sur chaque transaction de 5 à 6.000 euros, après avoir rétribué les intermédiaires, parfois même jusqu’au garagiste. Ce que contestait un de ces fameux loustics chargés d’acheter les voitures grâce à un crédit obtenu par une fausse fiche de salaire comme professeur émanant de l’IPES de Verviers, comme d’autres de Ste Claire ou de l’Athénée Thill Lorrain.. Ce Verviétois, un certain Jean, est lui aussi est bien connu de la justice, puisqu’il cumule à 52 an« plus de 30 ans de prison, essentiellement pour des cambriolages. « On m’avait promis 5.000 euros pour faire ça, mais je n’ai rien reçu, » Un troisième larron, Medhi, se chargeait de la récupération des voitures et de leur revente.
Un jugement de 75 pages !
Qui dit fausse fiche de paye dit faussaire. Yassine, qui en était accusé admettait avoir rédigé un certain nombre de fausses fiches, car il s’y connaît en informatique. Il prétendait qu’il était contacté par des gens qui lui demandaient une fausse fiche de salaire afin d’obtenir un logement, mais qu’il n’‘a jamais entendu parler de l’objectif d’obtenir un crédit. Il se faisait payer pour ça jusque 350 euros ! Pourtant, ses contacts relevés sur son portable trahissent des liens avec d’autres membres de la bande, et qu’en plus, il rédigeait pour le compte des acheteurs la facture de vente des véhicules, ce qui voudrait dire qu’il était au courant du trafic de crédits que supposaient ces fausses fiches de salaire. Et un message à son frère indique qu’il avait trouvé un moyen de se faire facilement de l’argent, de quoi faire sa pension en un an !
Sur les 39 parties civiles répertoriées, seules deux, des organismes de crédit, s’étaient manifestées pour réclamer l’une près de 60.000 euros de crédits faussement accordés, l’autre à peu près la même somme. Quant à M. Lelotte, après un long réquisitoire où il avait établi tous les liens réunissant les prévenus, il réclamait 3 ans de prison pour le trio des organisateurs, et pour ceux qu’il estimait co-auteurs de l’escroquerie, quasiment tous ayant un casier judiciaire, des peines allant de 8 mois à un an de prison.
Le jugement, qui s’étale sur 75 pages, est tombé : 30 mois de prison ferme mais surtout 16.000 euros d’amende pour les trois principaux accusés, et pour les sous-fifres des peines oscillant entre 200 h de travail (ou 6 mois de prison) à un an de prison.