Encore une affaire inquiétante jugée par le tribunal correctionnel. Elle concernait un homme de 29 ans, accusé d’attouchements, dont certains qualifiés de viol, sur quatre très jeunes enfants, dont trois neveux et nièces, et même son propre fils âgé à peine de 4 ans. S’il niait tout en bloc, il risquait quand même six ans de prison ferme. La sentence finale est cependant beaucoup moins lourde : 4 ans de prison, certes, mais un seul ferme, les trois autres avec sursis.
C’est au cours d’une partie de pêche en juin 2020 qu’un père de famille surprend une conversation entre une de ses filles (10 ans) et son fils (8 ans) qui évoquent des maltraitance sexuelles de la part de leur oncle, le frère de leur mère, dont notamment une fellation avec le garçon, ce qui est qualifié de viol. Abasourdi, le père va intelligemment éviter tout contact entre eux et leur autre fille restée à la maison et qui, interrogée, lui raconte les mêmes faits dont elle a été victime. Et en outre, son propre fils, âgé à peine de 4 ans, avoue aux enquêteurs qu’il lui arrivait de jouer avec son papa à « touche pipi » !
Un vilain petit canard
Quatre ans plus tard (!), voilà donc Alex (prénom d’emprunt), comparaissant libre, amené à répondre de ces actes devant le tribunal correctionnel. Où il niait tout en bloc, affirmant que c’était un complot de sa sœur, par jalousie envers lui . « Je suis choqué par ces accusations. J’ai toujours été considéré comme le mauvais petit canard de la famille », avait—il expliqué. Ah oui ? Comment expliquer dès lors que sa sœur confie ses trois enfants à ce vilain canard, chez qui il leur arrivait de dormir ? Il avait éludé la question, en précisant que sa compagne était toujours présente à la maison quand les enfants étaient là, mais pas nécessairement dans la même pièce. Reste alors la question de son fils. Là aussi, il parle de complot de son ex-compagne, alors qu’il venait de demander la garde de l’enfant. Ce qui devient gênant pour lui, c‘est que tout son entourage le dépeint comme un mythomane confirmé. « Il m’arrive de mentir sur de petites choses, comme tout le monde » avait-il admis.
Une manipulation extraordinaire ?
Me Cochart, partie civile, avait insisté sur le contexte du dévoilement des faits, qui est loin d’être une cabale. « Il est impossible que trois enfants mentent sur un tel sujet, quel intérêt alors qu’ils disent qu’ils aimaient bien aller chez leur oncle. Ils culpabilisent d’ailleurs d’avoir dévoilé les faits, qui s’expliquent parfaitement par la frustration sexuelle d’Alex alors que sa compagne était enceinte. Les parents ont été meurtris par cette histoire, le papa en a été malade jusqu’à la dépression. »
Pour Mme Herman, ministère public, il faudrait une manipulation extraordinaire pour arriver à ça, alors qu’au contraire, ils sont en plein conflit de loyauté envers leur oncle. Leur discours est jugé structuré et cohérent par l’expert, qui a été interpellé par une réflexion d’un des garçons qui dit que les hommes mangent le zizi des enfants. Et celui-ci a fait un dessin explicite. Elle réclamait donc 6 ans de prison ferme.
Pour la défense, assurée par Me Wynants, les explications d’Alex tiennent la route. Il s’est toujours ressenti comme rejeté par sa famille, et l’expert n’a décelé aucune tendance paraphiliques. Et il y a concomitance entre sa demande de garde de son fils et la plainte de sa mère. Pour lui, les éléments à sa charge ne sont pas suffisants, et il réclamait donc son acquittement. Il l’a obtenu pour les faits concernant son fils, mais pour son neveu et ses nièces, le tribunal déclare les faits établis. Et les sanctionne de 4 ans de prison, dont trois avec sursis !