C’est au finish que s’est terminé devant le tribunal correctionnel de Verviers un très gros procès qui concernait pas moins de 15 prévenus, donc cinq détenus, et aussi un grand nombre de parties civiles, 39 au total, impliqués dans un énorme trafic de faux crédits pour l’achat de voitures, 25 en tout,, plus un certain nombre de tentatives avortées. Le dossier contient plus de 4.000 pages et pas moins de 59 préventions. Les trois principaux accusés qui orchestraient l’affaire risquent 3 ans de prison, les comparses des peines allant de 8 mois à un an !
Le processus était assez simple : on convainc des quidams en marge de la société, des toxicomanes, des SDF, bien entendu en échange d’un payement qu’on promettait alléchant,de l’ordre de 5.000 voire 10.000 euros, de faire des demandes de crédit avec de fausses fiches de paye, soi-disant comme profs émanant de l’IPES, de Ste Claire ou de l’Athénée Thill Lorrain. Ces intermédiaires prenaient possession du véhicule, qui était immédiatement pris en charge par les commanditaires, et disparaissaient dans la nature,. Et les hommes de paille se retrouvaient gros jean comme devant, sans voir la couleur parfois d’un seul centime et ayant un gros crédit à payer.
Un trafic orchestré depuis la prison de Jamioulx
Le dossier démarre suite à une info parvenue à la police qu’un certain Yassine (35 ans) émet à tout va de fausses attestations de salaire. L’examen de sa téléphonie permet de remonter jusqu’à la prison de Jamioulx et à Nourdeddine, un Disonais de 41 ans, qui orchestrait le tout depuis sa cellule grâce à un GSM qu’on a retrouvé et qui a permis de remonter toute la filière. C’est lui qui fournissait les données pour fabriquer les fausses fiches. C’est un gros bras de la criminalité, puisque déjà condamné à Verviers à des peines de 5, 2 et 4 ans de prison. « C’est très facile en Belgique d’obtenir un crédit à l’aide d’une fausse fiche de salaire. Il suffit que celle-ci provienne de la fonction publique, car l’organisme de crédit est dans l’impossibilité de vérifier. J’ai appris ça en prison, tout le monde le fait ! » Il reconnaît la plupart des préventions qu’on lui reproche, en contestant l’une ou l’autre. Il admet qu’il gagnait sur chaque transaction de 5 à 6.000 euros, après avoir rétribué les intermédiaires, parfois même jusqu’au garagiste. Ce dont on peut douter, puisqu’il a reconnu lors de l’enquête avoir claqué 50.000 euros en un mois, notamment pour un voyage à Dubaï !
Ce que conteste aussi un de ces fameux loustics chargés d’acheter les voitures grâce à un crédit obtenu par une fausse fiche de salaire comme professeur émanant de l’IPES de Verviers, comme d’autres de Ste Claire ou de l’Athénée Thill Lorrain. Ce Verviétois, un certain Jean, est lui aussi est bien connu de la justice, puisqu’il cumule à 52 ans plus de 30 ans de prison, essentiellement pour des cambriolages. « On m’avait promis 5.000 euros pour faire ça, mais je n’ai rien reçu ». A peine sorti de prison, ne voilà-t-il pas qu’il achète une BMW série 3 !
Un troisième larron, Medhi, se chargeait de la récupération des voitures et de leur revente.
De quoi faire sa pension en 1 an !
Qui dit fausse fiche de paye dit faussaire. Yassine, qui en est accusé admet avoir rédigé un certain nombre de fausses fiches, car il s’y connaît en informatique. Il prétend qu’il était contacté par des gens qui lui demandaient une fausse fiche de salaire afin d’obtenir un logement, mais qu’il n’a jamais entendu parler de l’objectif d’obtenir un crédit. Il se faisait payer pour ça jusque 350 euros ! Pourtant, ses contacts relevés sur son portable trahissent des liens avec d’autres membres de la bande, et qu’en plus, il rédigeait pour le compte des acheteurs la facture de vente des véhicules, ce qui voudrait dire qu’il était au courant du trafic de crédits que supposaient ces fausses fiches de salaire. Et un message à son frère indique qu’il avait trouvé un moyen de se faire facilement de l’argent, de quoi faire sa pension en un an !
Sur les 39 parties civiles répertoriées, seules deux, des organismes de crédit, se manifestent pour réclamer l’une près de 60.000 euros de crédits faussement accordés, l’autre à peu près la même somme. Quant à à M. Lelotte, après un long réquisitoire où il établit tous les liens réunissant les prévenus, il réclame 3 ans de prison pour le trio des organisateurs, et pour ceux qu’il appelle les victimes, mais aussi co-auteurs de l’escroquerie, quasiment tous ayant un casier judiciare, des peines allant de 8 mois à un an de prison.
Jugement en principe dans un mois.