Il a l’air bien gentil, bien calme, pondéré, ce Verviétois de 36 ans qui est poursuivi, détenu devant le tribunal correctionnel. Et pourtant, ce sont des faits de violence, de harcèlement, de menaces, d’outrages et de rébellion qui lui sont reprochés.
C’est une affaire qui doit être bien difficile à trancher, car quel est le vrai visage de Mohamed, celui qu’il présente au tribunal ou celui qui transpire d’un dossier faisant état d’un homme qui disjoncte très facilement, d’une jalousie extrême qui veut imposer ses règles à son épouse, en lui interdisant notamment de faire la bise à un autre homme ?
Un premier fait qu’on lui reproche, c’est d’avoir mordu cruellement son épouse lors d’une dispute qui a dégénéré, ce qu’il admet . « Mais je ne frappe jamais une femme, et une morsure, ce n’est pas un coup » dit-il en ajoutant « Je m’en veux énormément, je lui demande pardon » une formule qu’il répétera au moins une dizaine de fois au cours du procès. « Mais vous l’avez quand même bien arrangée » lui rétorque la juge.
Un deuxième fait est d’avoir agressé et insulté un policier qui mettait un PV à un automobiliste, en l’insultant grossièrement et en se ruant sur lui. « C’est possible que je l’ai insulté, mais je ne l’ai pas frappé » dit-il en invoquant des difficultés de mémoire dues à un coma de 24 jours suite à une agression. Mais ce même jour, son épouse déposait plainte car la vie conjugale était devenue compliquée depuis 4 ans, ce qui a provoqué une séparation. Mais depuis lors, il multiplie les messages d’insultes vraiment corsées, de jour comme de nuit. Il s’en prend même à son fils de 14 ans qu’il dit pourtant adorer par des messages d’une extrême violence, du genre « Crève avec elle » ou encore « Je te péterai les yeux et le tes arracherai » !
Menaces de mort sur une juge d'instruction
Libéré sous condition, il n’en respectera aucune, puisque quelques jours plus tard, il se présente chez son épouse, ce qui lui était interdit, en forçant sa porte et l’insulte à nouveau copieusement tout en se servant dans le frigo. Arrêté à nouveau, il insulte et même menace de mort la juge d’instruction. « J’ai bouillonné. Je ne le ferai plus jamais » dit-il, ce dont la juge doute, car l’expertise pointe un risque de récidive élevé.
Interrogé sur son couple, il dit que tout allait bien et qu’il envisageait de reprendre la vie commune. « Elle m’a pardonné ». Ce que sa femme confirme : « Je veux bien lui donner une deuxième chance, à condition qu’il se soigne. J’espère qu’il a changé et que la prison lui aura servi de leçon ». Son fils parlera également pour lui : « Il me manque, et à mon petit frère aussi. Mais il a besoin d’aide ».
Qu’il ait changé, Mme Hortelan, ministère public n’y croit pas du tout : « C’est un discours de façade, de complaisance, il essaye de montrer patte blanche afin de sortir de prison ». Et de lire quelques-uns des messages d’une extrême violence et vulgarité qu’il adressait à sa femme, ainsi que les propos tenus devant les policiers : « J’aimerais que quelqu’un la renverse et la tue, je veux qu’elle crève. » Car jaloux, il est convaincu que son épouse le trompe, alors que lui consomme du cannabis tous les jours et passe ses nuits dans les cafés. Ce qui selon l’expertise médicale constitue un terreau fertile pour la récidive. Elle réclame donc un total de 26 mois de prison.
Son avocate Me Thunus loue d’abord le comportement exemplaire de son épouse, et estime qu’il a bien pris conscience de ce qu’il a fait et le regrette sincèrement. Elle sollicite un sursis probatoire.
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