Direction Amblève où est située l’entreprise Karl Hugo. Active dans le secteur mécanique et métallique, ce fleuron de l’industrie belge a investi plus de 16 millions d’euros en 8 ans pour gérer un carnet de commandes florissant et rester à la pointe de la technologie. Seul bémol, l’entreprise peine à trouver de la main d’oeuvre qualifiée.
Audrey Degrange
C’est en 1970 que tout commence pour Karl Hugo. L’activité se résume alors à un petit atelier de tournage-fraisage. Une dizaine d’années plus tard, installée dans le zoning de Kaiserbarack, l’entreprise se diversifie pour se tourner vers la conception et la construction de machines industrielles. Aujourd’hui, ce sont les fils de Karl Hugo, Stephan et Bernd qui gèrent ce fleuron belge du génie mécanique dont l’une des plus values est assurément de pouvoir s’adapter à n’importe quelle demande. « Nous sommes effectivement capables de construire des moutons à cinq pattes sourit Bernd Hugo, administrateur délégué et directeur financier de Karl Hugo. Vu l’intégration de toute la chaîne de valeurs chez Karl Hugo, du bureau d’études via la production jusqu’à l’installation sur site. »
Cette flexibilité séduit de nombreuses multinationales actives dans des secteurs aussi divers que le médical, la stérilisation, le nucléaire, la chimie ou encore la sidérurgie. Chaque année, les commandes augmentent. Les investissements aussi. « Oui, 16 millions en 8 ans. La plupart des investissements sur fonds propres. On réinjecte quasiment tout notre cash flow chaque année dans l’outil et ce, dans le but de progresser. L’amélioration continue, c’est vraiment notre leitmotiv et donc nous avons investi dans de nouveaux halls de production, dans les machines, les conditions de travail, la production d’énergie propre. Dans beaucoup de choses. »
Tête de laquage, cuve sous vide ou sous pression, accélérateur de particules sont quelques exemples de pièces réalisées. Un processus mené de A à Z par un personnel véritablement acteur de son travail. « Nos ouvriers ne sont pas des pousse-boutons, insiste l’administrateur délégué. Chez nous, un usineur est totalement autonome. Il va programmer la pièce c’est-à-dire qu’il va traduire un plan en une séquence d’instructions à la machine, il va choisir ses outils, ses vitesses de coup, etc. Il est donc entièrement responsable de la pièce. Il doit la produire mais aussi, via sa tablette, la documenter, la mesurer et être ainsi un acteur à part entière de la qualité de Karl Hugo. »
De quoi rendre ses lettres de noblesse à des métiers techniques et manuels souvent décriés. Une image que souhaite d’ailleurs casser Karl Hugo en organisant le 22 mai prochain, une journée autour du futur du métal. « L’objectif est de faire découvrir les différents métiers du métal qui existent, détaille Bernd Hugo. Que ce soit tourneur, fraiseur, aleseur, assembleur, il y a une multitude de postes et bien souvent, ils sont méconnus. Nous proposons donc un parcours initiatique où les visiteurs vont pouvoir voir les machines, discuter avec le personnel, voir des vidéos, etc. On propose aussi chaque fois un parcours éducatif donc la filière scolaire à suivre pour atteindre le métier. »
Une initiative devenue bien nécessaire dans un secteur où la pénurie de main d’oeuvre est criante et ce, alors que le métier est à la fois créatif et rempli d’opportunités.