Du 2 au 4 novembre 2023, le CMH participait à l’European Resuscitation Council (Congrès européen de réanima- tion) à Barcelone. L’occasion pour le CMH, représenté par le Docteur Didier Moens, anesthésiste-réanimateur urgentiste et coordinateur médical au CMH, et Sabrina Chevalier, chercheuse à la Faculté de médecine de l’Université de Liège, de présenter les résultats d’une récente étude sur « les gains de temps effectifs attribués à l’utilisation d’un SMUR héliporté versus les temps simulés d’un SMUR routier, en région rurale.»
Cette étude, commandée et entièrement financée par le CMH à l’Université de Liège, a pour but «d’évaluer le temps gagné avant l’arrivée du patient à l’hôpital lors de l’utilisation d’un hélicoptère par rapport à un transport terrestre dans le cas de pathologies graves comme par exemple l’’infarctus aigu du myocarde (STEMI) ou l’arrêt cardiaque extrahospitalier (OHCA) ».
La méthode
Pour répondre à cet objectif, une étude rétrospective a ainsi été menée sur tous les appels reçus entre 2015- 2023 où une Centrale d’Urgence 112 a envoyé le CMH, en intervention primaire, dans les cas de pathologies graves suivantes : infarctus du myocarde, traumatisme crânien, coma, arrêt cardio-respiratoire et polytrau- matisé sévère.
Les différents temps réels d’arrivée du patient à l’hôpi- tal transporté par hélicoptère et simulés via un logiciel pour un transport par route ont été indiqués pour chaque mission.
Durant la période d’étude, 11 032 appels ont été effectués au CMH. 1765 missions concernaient les pathologies lourdes : 255 infarctus, 404 traumatismes crâniens, 129 comas, 297 arrêts cardio-respiratoires et 680 polytraumatismes.
Un gain de temps significatif démontré
Cette étude récente apporte des preuves convaincantes que l’utilisation d’hélicoptère pour le transport médical d’urgence dans notre région à caractère rural constitue un atout temporel crucial, avec une réduction statistiquement significative du délai d’intervention (vers le patient et vers l’hôpital) pour diverses pathologies critiques, soulignant ainsi son efficacité. En conclusion, l’hélicoptère offre un avantage en termes de temps par rapport aux transports terrestres dans le cas de pathologies graves, précisément dans une région rurale comme la nôtre, où la population est majoritairement éloignée des plateaux hospitaliers spécialisés.
En effet, le temps économisé lors des interventions par hélicoptère est de 43 minutes pour les cas d’infarctus du myocarde et de 47 minutes pour les arrêts cardiaques. Le déploiement d’un hélicoptère, complémentairement aux autres moyens classiques existants, est donc tout à fait justifié, spécifiquement pour des patients souffrant de pathologies médicales sensibles au facteur temps, où l’importance d’un temps de transfert efficace vers l’hôpital adapté est primordiale.
Un statut toujours précaire
Bien que, de par son soutien, une grande partie de la population et des pouvoirs locaux soient convaincus de l’utilité d’un hélicoptère dans une région rurale comme la nôtre, le CMH n’en reste pas moins une ASBL privée, fonctionnant sur la seule base d’une convention expérimentale établie avec le SPF Santé en 2003. Depuis 20 ans maintenant, en l’absence d’un cadre légal clair, le Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne continue de se battre pour prouver son utilité dans l’organisation de l’aide médicale urgente en Belgique. Ces études scientifiques, publiées dans des revues reconnues à l’échelon international, représentent donc, pour le CMH, une opportunité de démontrer son expertise et sa plus-value. Dans l’espoir qu’une reconnaissance de ses pairs pourra appuyer le travail de reconnaissance mené auprès des décideurs politiques belges.