Un professeur de morale dans un établissement de la région malmédienne est actuellement en prison pour avoir violé une de ses élèves de 13-14 ans et entretenu des relations litigieuses avec quelques unes d’entre elles. Il risque 12 ans de prison.
C’est dans le cadre d’une troupe de théâtre qu’il animait à l’école que les faits se sont produits. Comparaissant détenu devant le tribunal correctionnel de Verviers, l'enseignant reconnaît tout au plus trois rapports sexuels avec Aline (prénom d’emprunt), une élève de 1er secondaire, qui ont eu lieu dans les locaux de l’école, une situation qu’il a du mal à expliquer. « Je ne comprends pas comment j’en suis arrivé là. Je n’allais pas bien, je me sentais seul, incompris, dans une période absurde de détresse. Aline s’est confiée à moi et un lien s’est créé. Mais après 5 mois de détention, je réprouve totalement mon comportement, je ne supporte plus d’avoir fait ça ». D’autant plus qu’il y avait un lien d’autorité, alors qu’il était censé enseigner la morale, ce qui est une circonstance aggravante de faits qualifiés de viols avec une gamine de cet âge.
Le sexe était omniprésent dans la troupe
Mais Aline n’est pas la seule à se plaindre de son comportement. Il y a Evelyne (idem) ,12 ans, qui évoque des propos déplacés. « C’était de l’humour mal compris » et l’accuse de l’avoir touchée à la poitrine, ce qu’il conteste : « c’était pour une simple prise de mesures pour les costumes ». Il y a Marie (idem), qui parle d’excès de câlins, ce que d’autres filles confirment, et d’envoi de photos coquines. Là aussi, il réfute : « On était très complice, c’était un signe de notre complicité. Les photos ? C’était innocent dans mon esprit à cette époque. » Il y a aussi Nathalie (idem), qui parle de câlins et de propos déplacés : C’est quelqu’un que j’ai beaucoup protégé. On a eu une relation normale, rien que de l’humour entre nous. » Enfin, il y a Odette (idem), avec qui il a eu des conversations litigieuses portées sur le sexe : « Je ne m’en rendais pas compte. Je parlais de ma vie pour susciter des réactions ». « D’après les témoignages, le sexe était omniprésent dans la troupe et dans votre bouche » observe un des juges.
Un dossier effarant
Me Uerlings et Me Garot, parties civiles, se disent consternés par ce qu’ils ont entendu. « C’est en fait un manipulateur, un prédateur intelligent qui tisse une toile d’araignée en attirant peu à peu ses proies pour des propos ou des écrits salaces » s’indignent-ils. Ils sont rejoints par Mme Herman, ministère public, qui parle de dossier effarant. « Une vingtaine de jeunes filles ont reçu des messages insidieux qui montrent bien ce qu’il cherchait. Une expertise démontre son manque d’empathie et la bonne conscience de ce qu’il faisait, ainsi qu’un risque de récidive élevé ». C’est pourquoi elle réclame une lourde peine, 12 ans de prison.
Un prof adoré
Dans une longue mais forte plaidoirie de plus d’une heure, Me Toller tente de démolir le portrait de prédateur avec lequel on dépeint l'enseignant. « Pendant 20 ans de carrière et 7 ans de théâtre sans tache, il a été un bon prof, adoré et respecté par tout le monde, y compris les élèves. » Et de lire toute une série de déclarations allant dans ce sens. « Ce n’est pas un prédateur, simplement un homme qui a connu un moment de perdition, qui a glissé sur une pente savonneuse qu’il n’a pas vu venir. Des frontières se sont estompées petit à petit, sans qu’il s’en rende compte, jusqu’à devenir hors contrôle. Il se demande aujourd’hui comment il n’a pas perçu l’interdit. » Il demande pour lui une peine constructive sous forme d’un sursis probatoire. Ce qui implique une peine pas supérieure à cinq ans ! Le jugement aura lieu dans un mois.