La saison agricole touche doucement à sa fin. Et cette année 2024 n’a clairement pas été facile. Entre les manifestations, la fièvre catarrhale et la mauvaise météo, les récoltes ont été fortement impactées. Les agriculteurs tirent à nouveau la sonnette d’alarme et n'hésiteront pas à manifester.
Depuis 2009, Harry est agriculteur à la Ferme du Mont des Brumes à Stoumont. La production et la vente de lait et de viande en circuit court constituent son activité principale. Mais à 36 ans, il vient de connaître une de ses saisons les plus difficiles en termes de production. « Le bilan est malheureusement plus que négatif. En fait, on a l’impression qu’on ne va pas en voir le bout du tunnel. On se dit toujours qu’on va avoir une meilleure année pour se refaire une trésorerie mais en fait on se rend compte qu’on enchaîne des années compliquées », souffle l'agriculteur stoumontois.
25% de ses brebis tuées par la fièvre catarrhale
Pour lui, cela s’explique avant tout par la fièvre catarrhale, aussi appelée la maladie de la langue bleue. Le virus a tué 25 % de ses brebis et la reproduction des vaches a elle aussi été perturbée. Un véritable manque à gagner, difficile à rattraper. « Les animaux ont contracté des petits problèmes à gauche et à droite qu’ils n’auraient pas contractés s’ils étaient en pleine immunité. Il y a eu des boiteries, des infections, la météo a fait aussi que les parasites des animaux étaient présents en grande quantité. Il y a eu une pression parasitaire additionnée à une faible immunité donc les animaux ont souffert plus que d’habitude. Donc perte de production en lait, animaux morts et avortements », développe-t-il.
La météo n'a pas aidé
La météo très et trop arrosée de cette année 2024 n’a pas non plus aidé à la production. Mais les agriculteurs ont dû s’adapter avec des solutions plus coûteuses pour une production moins fructueuse. « La valeur alimentaire de l’herbe était médiocre. On a eu en été, les mois de juillet et août où l’herbe était de bonne qualité mais le reste c’était moyen. On va devoir corriger le manque de valeur alimentaire par des concentrés, qu’on ne sait pas produire nous-mêmes et qu’on doit acheter. Donc, ça nous coûte plus aussi », démontre Harry Raven.
« J’ai l’impression que les promesses tombent à l’eau »
L’hiver dernier, Harry s’était déjà mobilisé pour visibiliser les difficultés du secteur. Il attendait des mesures concrètes du monde politique mais aujourd’hui, les promesses n’ont pas été respectées. « Il y avait de belles promesses pendant les manifs mais j’ai l’impression que c’est en train de tomber à l’eau. Il y a un ras-le-bol total, un ras-le-bol physique parce que nous sommes fatigués, un ras-le-bol moral parce que ça devient de plus en plus compliqué. Finalement, les politiciens nous ont juste écoutés. Mais pour le moment, ils n’ont rien fait de concret. Nous, ce qu’on veut, c’est que les politiques prennent conscience de tout cela, qu’ils mettent la priorité et qu’ils arrêtent de se foutre de nous », conclut-il.
Bientôt des nouvelles mobilisations ?
En France, le syndicat des agriculteurs a déjà annoncé des mouvements de manifestation à partir du 15 novembre. Chez nous, la Fédération des Jeunes Agriculteurs (FJA) n’a pas encore annoncé de mobilisation générale, mais les agriculteurs sont à bout et ils sont prêts à monter au créneau !