Quatre hommes sont accusés d’avoir incendié volontairement une Mercedes, à Verviers. Un acte de vengeance pour un litige entre un entrepreneur et son client ? C’est plus que probable. Trois auteurs ont été identifiés et sont en aveu, le supposé commanditaire niant tout. Ils risquent tous les quatre 2 ans de prison.
Le 11 octobre 2022, en pleine nuit, une voiture Mercedes prend feu rue de Louvain à Verviers, un incendie manifestement criminel. Le propriétaire indique immédiatement comme suspect possible un entrepreneur liégeois qui avait (mal) fait certains travaux de carrelage, et avec qui il était en litige pour un montant de 5.000 euros.
L’enquête qui s’ensuit permet, grâce à une caméra de surveillance, d’identifier rapidement trois auteurs dont deux frères. Face à ces preuves manifestes, ils passent aux aveux, et les deux frères disent qu’ils ont été contactés par ce qu’ils croient être un Albanais pour incendier une voiture, dont il montre la photo et donne l’adresse, contre une somme d’argent restée indéterminée. Et tout cela se passe à Ans dans une voiture BMW de couleur jaune, un modèle assez rare dans la vie courante. Celui qui serait le commanditaire est lui aussi identifié.
Une voiture jaune dans son GSM
Ces quatre hommes ont donc été poursuivis pour incendie volontaire devant le tribunal correctionnel. Où les deux frères sont absents, ce qui pour le premier a provoqué pas mal de problèmes et de pertes de temps. En effet, signalé comme étant détenu avec ordre d’extraction à la clef, on a mis du temps à s’apercevoir qu’il était certes détenu, mais sous surveillance électronique, et que personne n’avait cru bon de lui délivrer une permission de sortie pour l’audience. Quant à son frère, on est sans nouvelles de lui. Restaient donc les deux autres. Le troisième auteur et le présumé commanditaire. L'un avouera benoîtement qu’il avait été contacté par un ami, pour aller bouter le feu à une voiture, sans rien connaître de motifs de cette action. Il n’a pas dit non, attiré par l’argent, disant avoir reçu 250 euros pour cela.
Quant au suspecté commanditaire, il nie avoir eu la moindre responsabilité dans cette affaire. « D’abord, je suis Roumain, et pas Albanais. Et je n’ai jamais eu de BMW jaune.» Comment expliquer alors qu’on ait retrouvé une photo de cette voiture dans son téléphone ? « C’est mon fils qui l’a prise, beaucoup de gens à Liège la photographie car c’est une voiture peu ordinaire ». Oui mais on a retrouvé aussi une photo de la Mercedes prise 15 jours avant l’incendie. « C’est mon associé qui travaillait dans la région qui l’a prise, pour m’assurer qu’il vivait toujours là alors que je m’apprêtais à le poursuivre en justice ».
Des indices largements suffisants
Une version que Mme Wéry, ministère public, passe à la moulinette. Pour elle, la suspicion de la victime, les déclarations des auteurs de l’incendie, les photos dans son GSM, le litige l’opposant à la victime, travaillant en noir avec des personnes non déclarée sont des indices déjà suffisants que pour établir sa culpabilité. Il y a en plus son identification sur un panel de photos par un des frères, et ce message sibyllin commentant l’incendie criminel de camions dans une entreprise liégeoise : « Quand on ne paye pas ses factures, il ne faut pas s’en étonner ». Elle réclame donc 2 ans de prison pour chacun. Les parties civiles réclament elles un total de 32.500 euros