C’est un procès assez surréaliste qui s’est déroulé au tribunal correctionnel de Verviers. Il y a 5 ans, une jeune femme de 25 ans était condamnée à 18 mois de prison avec sursis probatoire, une peine assez rare en matière de harcèlement.. Il faut dire que ses victimes dont elle avait pourri la vie, étaient au nombre d’une dizaine. Parmi les conditions mises au sursis, celles de suivre un traitement psychiatrique hebdomadaire, ainsi que l’interdiction de l’accès à tout réseau social. Interdiction qu’elle s’est empressée d’enfreindre dès la semaine suivante, selon une de ses victimes. Lassé de voir ses plaintes non suivies d’effet, malgré sa condamnation, celui-ci a répliqué sur les réseaux sociaux. Et la dame d’avoir le toupet de le poursuivre à son tour pour harcèlement !
A l’époque du procès, nous avions relaté ceci : Diana (prénom d’emprunt) avait suivi une formation d’aide-soignante, formation qu’elle a ratée, et depuis lors, elle en rendait tout le monde responsable, inondant une dizaine de personnes d’e-mails haineux et menaçants, de coups de fil anonymes, de canulars téléphoniques, tout cela sous de fausses identités. Elle utilisait en effet jusqu’à 200 fausses identités d’e-mails. Ou alors, c’est sur Facebook qu’elle se déchaînait, malgré les dizaines de plaintes déposées à son encontre.
« Si je suis méchante, c’est parce qu’on a été méchant avec moi » avait-elle répliqué aux accusations. Mais c’est qui, on ? « La société ». C’était tout dire de son état d’esprit.
Le défilé des parties civiles n’avait été que le récit d’un long et douloureux calvaire subi par les victimes de Diana. Ainsi la directrice du centre de formation, qui a fini par faire un burn out. Ainsi ce stagiaire qui a fini par faire une crise de nerf et a raté son année à cause de cela. Tous se disent inquiets pour l’avenir et persuadés qu’elle recommencera, car l’un d’eux a encore reçu des menaces la semaine dernière. « Je ne m’en débarrasserai jamais » avait dit Michel (idem), sa principale victime. « Elle m’a dit qu’elle allait me pourrir la vie, et c’est ce qu’elle a fait ».
Cinq ans plus tard. C’est ce même Michel qu’elle a l’audace d’accuser de harcèlement et de menace.
Une femme dangereuse?
Le procès qui s’en est suivi à charge cette fois de Michel (31 ans) pour harcèlement et menaces, a commencé fort, avec cet échange surréaliste : « Nous avons eu une relation amoureuse pendant un an et demi » affirme Diana. « Jamais de la vie, c’est archifaux » réplique Michel. « A l’époque, j’étais en couple avec une femme, qui a fini par me quitter d’ailleurs, lassée par ce harcèlement incessant qu’elle nous faisait subir ! »
Ce qu’on reproche à Michel, c’est des publications sur Facebook du genre : « Cette femme, il faut la tuer, en l’envoyant en Ukraine ». Ou encore : « si elle continue, je m’en occuperai moi-même ! » Ne serait-ce pas des menaces de mort déguisées, ça ? « Pas du tout, simplement le fait qu’après cinq plaintes restées sans suite malgré une condamnation pourtant explicite, j’ai décidé de répliquer de la même manière, sur les réseaux sociaux, en réponse à ses injures. Quelle autre solution avais-je, à part le suicide auquel j’ai songé, face à l’incurie de la justice qui a enterré mes plaintes J’en avais marre, c’était pour moi une échappatoire à ma galère, en dénonçant une femme dangereuse? » Ce qu’il a fait d’ailleurs sur un site dédié à des éducateurs spécialisés, en faisant état de sa condamnation, ce qu’on lui reproche aussi.
A cela, Diana rétorque qu’elle n’a plus rien fait depuis cinq ans, en reconnaissant qu’elle avait dérapé à l’époque mais qu’elle s’en était excusée, quelle s’était reprise en mains en devenant adulte, et qu’elle était passée à autre chose. Ce qui n’est pas évident au vu de ce procès.
Me Roger, son avocat, évoque une menace de mort sérieuse, puisqu’il a écrit qu’il fallait la tuer, et qu’il allait s’en occuper. « Ce qui a plongé ma cliente dans un état de stress important, ayant l’impression d’être déshumanisée en étant traitée de psychopathe. »
Le ministère public de son côté estime les préventions établies et réclame 13 mois de prison !
UNE VERITABLE FIXETTE
« Ce procès est un vrai scandale » s’exclame Me Cochart, l’avocat de Michel, sur lequel Diana a fait une véritable fixette. « Il a été poussé dans ses derniers retranchements suite à l’inaction de la justice, au point d’avoir songé au suicide. Il n’a fait que réagir aux provocations de celle-ci. Tout ce qu’il demande, c’est d’avoir la paix. » Et d’ironiser sur la somme de 2.500 euros de dommage réclamée par Diana , exactement la somme à laquelle elle a été condamnée à payer à Michel, ce dont elle ne s’est jamais acquittée, comme si ce procès n’avait pour but que d’annuler sa dette. Il réclame son acquittement pour contrainte irrésistible.
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