La "Mâle Hé" à Stoumont devrait à l’avenir afficher un tout autre visage. 18 hectares de pessière vont disparaître pour laisser place à un écosystème plus en lien avec le milieu. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet Life « Vallées ardennaises » . Il est mené par la commune de Stoumont en partenariat avec le Département de la Nature et des Forêts. Ce soir une séance publique d’informations est organisée pour éclairer les citoyens et riverains sur l’avenir de ce peuplement d ‘épicéas mais davantage encore sur cet important chantier de restauration écologique qui s’annonce exceptionnel à plus d’un titre.
C’est sur la rive gauche de l’Amblève entre l’ancienne gare de Stoumont et le pont de Naze que se trouve la pessière dit de la "Mâle Hé". Aujourd’hui ce peuplement d’épicéas planté il y a 73 ans est à bout de souffle. Aussi, la commune, propriétaire des lieux a décidé, en partenariat avec le DNF (le gestionnaire), de raser cette parcelle qui couvre près de 18 hectares. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet « Life Vallées ardennaises » dont l’un des objectifs est la conversion des forêts résineuses en forêts feuillues naturelles. Mais, avant de voir la nature reprendre ses droits, il faudra procédé à une mise à blanc exceptionnelle tant par la surface des arbres à abattre - puisqu’elle dérogera au 5 hectares normalement autorisés - que par les moyens mises en oeuvre pour réaliser la coupe, comme nous le confirme Lucas Lambert, chargé de mission pour le "Projet Life" :
"On est quasiment dans une falaise. On a pas beaucoup d’exploitations similaires en Région wallonne à ce niveau-là. Ici, problablement, ce sera des exploitants qui auront eu des expériences en Allemagne en France où on peut retrouver plus facilement ce genre de contexte; dans les Vosges notamment par exemple. Ici, les bois seront mis en vente prochainement et on verra quel marchand va pouvoir à la fois mettre le prix et à la fois mettre les moyens pour pouvoir sortir correctement ces épicéas. il y a des conditions évidemment qui vont être établies par le DNF en accord avec l’exploitant pour à la fois sécuriser le chantier puisque c’est une parcelle très très difficile mais aussi pour s’assurer que le chantier ne provoquent pas de nuisances notamment au niveau de l’Amblève. C’est notamment une des conditions, on va donc imposer la sortie des bois par le haut de la parcelle pour éviter de traverser l’Amblève. Tout cela, va demander des moyens techniques assez poussés comme du téléphérage de bois mais tout cela doit encore être défini avec l’exploitant qui sera sélectionné."
Dans le cadre de ce vaste projet de restauration écologique, la commune va bénéficier de subsides européens puisqu’elle ne pourra plus à l’avenir tirer profit d’une quelconque exploitation forestière sur le site de la "Mâle Hé"; un manque à gagner compenser par des indemnités qui devraient flirter avec une centaine de milliers d’euros, une somme qui ne pourra toutefois pas être investie dans n’importe quel projet.
"Les propriétaires publics, c’est un réglement du Projet Life, de réinvestir directement ces indemnités dans des projets nature, de type biodiversité ou encore dans des projets de types communication, sensibilisation toujours en lien avec la nature. Donc cet argent n’est pas directement versé à la commune. Il y a d’abord toute une série de projets qui doivent être mis en place, avant la fin du Projet Life soit 2028, pour pouvoir réinvestir les indemnités octroyées dans ces différents projets natures".
Grâce à ce partenariat avec le Projet Life, la commune s’engage pour une durée de trente ans à oeuvrer pour le retour à la "Mâle Hé" d’une forêt naturelle et par la même à favoriser la biodiversité. Cette parcelle située à flanc de falaise et exposée au nord devrait permettre à nouveau le développement d’un habitat particulièrement intéressant et rare en Wallonie à savoir l’érablière de ravin mais pour la voir s’épanouir il faudra être patient! (Abi)