Le tribunal correctionnel a été saisi d’un dossier qu’on pourrait qualifier de banal s’il ne plongeait ses racines dans ce qui aurait pu être un épouvantable drame en région verviétoise. En effet, le 13 mars 2006, désespéré par le départ de son épouse pour un amant égyptien, un père de famille avait tiré une balle dans la tête de sa fille, qui en réchappera miraculeusement, et aurait fait de même pour ses deux autres enfants et lui-même si l’arme ne s’était pas enrayée et si un ami n’était intervenu.
Un procès d'assises poignant
En novembre 2008 s’était tenu à Verviers un procès d’Assises, le père de famille étant poursuivi pour une triple tentative d’assassinat. Un procès poignant à plus d’un titre, au cours duquel avait été lu une lettre des enfants réclamant le retour de leur père auprès d’eux, malgré tout. Message bien reçu par la Cour d’Assises, qui ne condamnait l’accusé qu’à une peine de principe, soit 5 ans de prison avec sursis !
Mais voilà que 16 ans après le drame, le fils survivant, devenu adulte et rongé par les interrogations sur ce qui aurait pu être son funeste destin, est venu demander des explications à son père. La rencontre a dégénéré, et des coups violents ont été portés par le fils à son père, d’où sa comparution devant le tribunal correctionnel.
Un contexte familial compliqué
C’était le 15 octobre 2022, vers 21 h. Ce jour là, Michaël (prénom d’emprunt) âgé de 30 ans se présente visiblement pas dans un état normal chez son père Roger (idem). Devant le tribunal, Michaël admettra qu’il avait bu ce soir là, et qu’il était rongé depuis quelques années par des interrogations sur les raisons qu’avait eues son père en 2006, alors qu’il avait 9 ans, de carrément vouloir l’assassiner. Roger, comme il l’avait fait au procès, a chargé la faute sur son ex-femme, la mère de Michaël donc, qui l’avait abandonné avec ses trois enfants, d’où sa détresse du moment. Ce que ce dernier admet avoir mal pris et s’être emporté, reconnaissant dans un premier temps lui avoir donné une gifle, puis plus tard quelques gifles. Mais c’est un peu plus que ça quand même, puisque c’est à coups de poing au visage qu’il a frappé son père, même après l’avoir jeté au sol. Puis il s’en est pris au matériel, cassant la vitre d’une armoire, puis cognant dans la porte du frigo, avant de menacer la nouvelle épouse de Roger (avec laquelle il a eu trois nouveaux enfants) avec une bouteille. Elle réussira finalement à le chasser de la maison.
Un contexte familial compliqué donc, dont le tribunal a voulu tenir compte, en estimant qu’il s’agissait d’un accident de parcours qui ne se renouvellera pas. Il accorde à Michaël le bénéfice de la suspension du prononcé.