Deux hommes, un Italien et un Albanais, ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Verviers à de lourdes peines, 5 et 3 ans de prison ferme, pour avoir cultivé deux plantations de cannabis de grande ampleur à Dison et à Verviers et pour association de malfaiteurs.
Le dossier démarre en décembre 2021, lorsque des habitants de la rue Albert 1er à Dison se plaignent régulièrement de baisses de tensions électriques sur le réseau. Le distributeur Resa en vient à soupçonner un immeuble situé au n° 45 de cette rue, la principale artère de Dison où se situe l’administration communale. Il a mis dans le mille, car une perquisition à cet endroit permet de découvrir une culture quasi industrielle de cannabis : cinq chambres de culture pour un total de 2.350 plants, avec tout le matériel requis pour ce genre d’activité, et bien sûr un raccordement frauduleux au réseau électrique.
L’enquête qui s’en suit permet d’identifier deux suspects, Maurizio Buono, un Italien de 49 ans habitant St Nicolas, et Roland Matrapazi, un Albanais de 22 ans sans domicile connu. Les empreintes de ce dernier seront d’ailleurs relevées sur le sitee.
Mais elle permet aussi de découvrir une autre culture, située à Verviers celle là, avenue Mullendorf au numéro 31, où l’on trouve quelque 1.369 pots pleins de terreau prêts à accueillir une nouvelle moisson, des déchets et des restes de plants démontrant que ce n’aurait pas été la première.
DE SIMPLES OUVRIERS
C’est toujours détenus que les deux hommes ont comparu devant le tribunal correctionnel, où ils ont tenté de minimiser leur participation au trafic en se faisant passer pour de simples « ouvriers ». En vain, car divers éléments les impliquent dans ce qui s’avèrera être une véritable organisation, à commencer par un GSM saisi qui révèle pas moins de 6.222 contacts téléphoniques avec seulement huit correspondants dont cinq hollandais. Des photos et des messages, ainsi qui divers témoignages et recoupements de l’enquête, établissent à suffisance l’implication des deux hommes.
Ce qui permet au ministère public d’être certain de leur culpabilité et de réclamer de lourdes peines : 6 ans de prison pour Buono, qui a des antécédents judiciaires en Allemagne, et 4 ans de prison pour Matrapazi. Leurs défenseurs sollicitent de leur côté une peine inférieure à deux ans et avec sursis pour le surplus de la détention préventive.
En pure perte, car les peines prononcées sont à peine moins lourdes que celles réclamées : 5 ans ferme pour Buono, 3 ans ferme pour Matrapazi, avec des frais judiciaires se montant à 6.200 euros pour l’un, à 2500 euros pour l’autre. Ainsi que la confiscation de 63.000 euros de gain estimé, et de 3 voitures.
En outre, la réclamation de 73.000 euros revendiquée par Ores pour le vol d’électricité sera discutée ultérieurement. (Luc Brunclair)