Gilbert (prénom d’emprunt) 47 ans était prof de morale dans un établissement de la région malmédienne, et est actuellement en prison pour avoir violé une de ses élèves de 13-14 ans et entretenu des relations litigieuses avec quelques-unes d’entre elles qualifiées pénalement d’incitation à la débauche. Il risquait pour cela 14 ans de prison, peine réclamée par le ministère public. Il écope finalement de 9 ans de prison ferme.
C’est dans le cadre d’une troupe de théâtre qu’il animait à l’école que les faits se sont produits. Comparaissant détenu devant le tribunal correctionnel de Verviers, Gilbert avait reconnu tout au
plus trois rapports sexuels avec Aline (prénom d’emprunt), une élève de 1er secondaire, qui ont eu lieu dans les locaux de l’école, une situation qu’il avait eu du mal à expliquer : « Je ne comprends pas comment j’en suis arrivé là. Je n’allais pas bien, je me sentais seul, incompris, dans une période absurde de détresse. Aline s’est confiée à moi et un lien s’est créé. Mais après 5 mois de détention, je réprouve totalement mon comportement, je ne supporte plus d’avoir fait ça ». D’autant plus qu’il y avait un lien d’autorité, alors qu’il était censé enseigner la morale, ce qui est une circonstance aggravante de faits qualifiés de viols avec une fille de cet âge.
Mais Aline n’était pas la seule à se plaindre de son comportement. Il y a Evelyne (idem) , 12 ans, qui évoque des propos déplacés, « c’était de l’humour mal compris » et l’accuse de l’avoir touchée à la poitrine, ce qu’il conteste : « c’était pour une simple prise de mesures pour les costumes ». Il y a Marie (idem), qui parle d’excès de câlins, ce que d’autres filles confirment, et d’envoi de photos coquines. Là aussi, il réfutait : « On était très complice, c’était un signe de notre complicité. Les photos ? C’était innocent dans mon esprit à cette époque. » Il y a aussi Nathalie (idem), qui parle de câlins et de propos déplacés : « C’est quelqu’un que j’ai beaucoup protégé. On a eu une relation normale, rien que de l’humour entre nous. » Enfin, il y a Odette (idem), avec qui il a eu des conversations litigieuses portées sur le sexe : « Je ne m’en rendais pas compte. Je parlais de ma vie pour susciter des réactions ».
Mais suite à ces révélations dans la presse, et notamment ses déclarations comme quoi il ne l’avait jamais touchée, Marie avait fait une nouvelle déclaration, nettement plus à charge que la première. Elle parlait d’innombrables messages à caractère sexuel, de massages, d’attouchements, de sexe en érection. Un des messages fait état de ses mains sur son corps. « C’était fictionnel, purement artistique » explique-t-il en niant à nouveau tout comportement répréhensible avec elle.
20 ans d’interdiction d’enseigner
Du coup, le ministère public, qui avait évoqué un dossier effarant, avait demandé une réouverture des débats et avait augmenté la peine réclamée de deux ans supplémentaires, portant celle-ci à 14 ans de prison. « C’est l’innocence d’adolescentes qu’il a ainsi bousillée, en leur retournant le cerveau, comme dit l’une d’entre elles. »
Son avocat Me Toller avait tenté de démolir le portrait de prédateur avec lequel on dépeignait Gilbert. « Pendant 20 ans de carrière et 7 ans de théâtre sans tache, il a été un bon prof, adoré et respecté par tout le monde, y compris les élèves. » Et de lire toute une série de déclarations allant dans ce sens. « Ce n’est pas un prédateur, simplement un homme qui a connu un moment de perdition, qui a glissé sur une pente savonneuse qu’il n’a pas vu venir. Des frontières se sont estompées petit à petit, sans qu’il s’en rende compte, jusqu’à devenir hors contrôle. Il se demande aujourd’hui comment il n’a pas perçu l’interdit. » Il demandait qu’on juge l’homme tel qu’il est, en ne réduisant pas l’être humain à un dossier, en suggérant pour lui une peine constructive sous forme d’un sursis probatoire. Ce qui implique une peine pas supérieure à cinq ans !
Tout en n’appliquant pas la peine réclamée, le tribunal n’est pas allé jusque là, puisque finalement il condamne Gilbert à 9 ans de prison ferme, et à 20 ans d’interdiction d’enseigner ou de fréquenter des milieux où se trouvent des mineurs. Il devra en outre payer un total de 17.000 euros à certaines victimes, en plus de 1.300 euros à la Fédération Wallonie-Bruxelles.