Presque 4 jours après le début de l’incendie qui s’est déclaré en Fagnes, les pompiers sont toujours à pied d’oeuvre pour empêcher qu’il ne se propage à nouveau. Ce jeudi après-midi, la Ministre wallonne de l’environnement s’est rendue à la frontière belgo-allemande pour se faire une idée de la situation.
Audrey Degrange
154 ha partis en fumée au lieu-dit Entenpfuhl ou la mare aux canards, c’est le bilan de cet incendie déclaré ce lundi dans les Hautes Fagnes de l’est et qui aujourd’hui n’est toujours pas totalement maîtrisé. Ils subsistent des points chauds. Et un risque qu’ils se propagent. « Ce n’est pas tellement grave si vous avez encore l’un ou l’autre point chaud au milieu parce qu’à cet endroit là, ça ne peut pas s’étendre. Mais si ça part en bordure en périphérie, c’est dans les zones à risque qui auraient pu aussi provoquer une suite, révèle Francis Cloth, Commandant des pompiers de la Zone de secours DG. Là, ça pourrait encore poser problème. Ce sont les derniers points que nous sommes en train de chercher. Nous nous espérons avoir terminé ce soir. »
Pour les atteindre, les pompiers peuvent compter sur des drones et un hélicoptère bombardier d’eau. « Le terrain est quand même très très difficile à atteindre. C’est très escarpé, c’est marécageux, donc c’est très difficile de progresser. Vous devez tirer les lignes sur 200, 300 ou 400 mètres, donc c’est très compliqué. Et si vous avez l’hélicoptère, évidemment, vous ferez largage beaucoup plus proche sur toutes ces lignes. »
Quadriller la zone et tirer des lignes, un enseignement issu de l’incendie de 2011. Et une méthode expliquée à la ministre wallonne de l’environnement venue se rendre compte de l’ampleur des dégâts fort heureusement limités sur la faune et la flore. « Une des leçons qu’il faudra tirer, c’est aussi que la nature elle même nous a aidés dans ce phénomène, insiste la ministre. Le fait que les tourbières étaient gorgées d’eau auparavant, grâce évidemment aux pluies importante de cet hiver, mais aussi au fait qu’il n’y a pas de drains dans ces réserves naturelles de Hautes Fagnes. C’est un élément aussi qui a évité que le feu ne se propage très largement. Donc ça nous fait réfléchir sur la façon dont nous devons envisager ces espaces naturels et notamment les espaces forestiers également. »
Sur l’origine du feu, peu de doute subsiste, elle est clairement dûe à de la négligence. « Le départ se fait tout près d’un sentier de promenade qui est très connu témoigne René Dahmen, Chef de cantonnement – DNF Elsenborn. Les agents, en moyenne, interpellent une fois par mois des personnes qui ne parviennent pas à terminer cette longue étape et qui décident alors de passer la nuit illégalement en forêt. Et certains font alors un petit feu. Donc c’est plus que probable que c’est l’origine. Mais vu l’ampleur, on ne trouvera probablement pas l’endroit exact. »
Redoubler de vigilance, c’est l’appel lancé par les autorités aux promeneurs car les épisodes de sécheresse risquent aussi de s’amplifier avec le réchauffement climatique. Pour les services de secours, c’était aussi l’occasion d’interpeller la ministre sur la mise en oeuvre d’outils commun. « On était en train de travailler avec le DNF sur la révision des plans d’intervention d’urgence. Je suis aussi en contact avec la ministre Verlinden de l’Intérieur pour voir aussi comment les services de secours peuvent adapter également leurs outils pour être plus aptes aussi à intervenir dans ce type de situation qui va se répéter. Donc, clairement on doit faire évoluer aussi notre façon d’appréhender ce type de phénomène », conclut Céline Tellier.
Et ainsi adopter une culture du risque optimale afin de préserver au maximum cette biodiversité si typique qui fait les Hautes Fagnes.