Fini les bandes réservées aux vélos, aux bus et aux taxis Boulevard des Gérardchamps à Verviers. Depuis ce jeudi, les panneaux sont enlevés et les marquages au sol définitivement effacés. Les automobilistes disposent à nouveau de deux bandes de circulation, dans chaque sens.
C’est la fin d’un test imaginé par la Ville et le Service Public de Wallonie à l’aube du premier confinement. Un test qui s’avère non-concluant. "C’est principalement à cause de la zone commerciale au niveau du Boulevard. Il y avait des problèmes accidentogènes. Même pour les vélos finalement. Quand les voitures tournaient à droite pour se diriger vers les commerces, elles ne faisaient pas toujours attention. Alors on touche du bois, il n’y a pas eu d’accident majeur, quelques accrochages tout de même. Mais voilà ce n’était pas opportun, c’était un test, on l’avait dit", explique Maxime Degey, l’échevin de la mobilité de Verviers.
Un aménagement qui avait fait grincer les dents de nombreux automobilistes dès sa mise en place. Certains estimaient qu’il y avait peu de deux roues à cet endroit et qu’en plus, ça créait des embarras de circulation. Désormais, c’est l’inverse : la frustration est dans le camp des cyclistes. "On peut comprendre que cet aménagement était impopulaire auprès des automobilistes. Mais voilà, il y a toujours ce sentiment d’un pas en avant puis deux pas en arrière. C’est toujours le même constat. Et en plus, tout cela sans concertation alors qu’il existe des espaces de concertation depuis peu avec la création d’une commission vélo dans le cadre du plan Wallonie cyclable. Or, en commission, il n’a jamais été question du Boulevard des Gérardchamps", s’étonne Rémi Gueuning, responsable du GRACQ Verviers (Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes Quotidiens).
Le retour à l’ancienne configuration inquiète les cyclistes, qui jugent celle-ci très insécurisante. "Un des principaux freins à enjamber la bicyclette pour effectuer ces déplacements au quotidien, c’est vraiment ce sentiment d’insécurité. Or, pour nous, le Boulevard des Gérardchamps permettait de se sentir en sécurité. Les voitures étaient forcées à respecter la limitation de vitesse à 50 km/h. Maintenant, avec les deux bandes, on est plus propices à dépasser la limitation et donc se faire frôler par une voiture à pleine vitesse, ça augmente un sentiment d’insécurité", justifie Rémi Gueuning.
Si la Ville de Verviers a décidé de supprimer ces bandes, le but n’est pas pour autant d’abandonner la mobilité douce. "La mobilité douce en 2021, c’est un budget d’1,3 millions pour Wallonie cyclable. C’est également des projets PIC comme la rue des Charrons et la rue Carl Grün qui vont être refaites en mobilité douce. Ce sont donc des millions d’euros qui vont être consacrés cette année et qui le seront encore l’année prochaine. Il y a une réelle volonté d’aller vers là parce qu’on sait qu’il y a une évolution de la société donc on ne veut pas aller à contre-courant. Quand on défait le Boulevard des Gérardchamps, ce n’est pas du tout ça. Mais il faut peut-être mieux adapter les projets", répond Maxime Degey.
Avec en point d’orgue : la Vesdrienne, ce projet de ravel dans la vallée de la Vesdre. "Je suis surpris de l’état d’avancement du projet. Les voiries sont déjà sélectionnées, le parcours est quasiment terminé. Il y a une volonté de la Région Wallonne, porteuse de ce projet, d’aller très vite. Pour rappel, la Vesdrienne reliera Liège à Aachen, en vélo et en mobilité douce. C’est un projet qui va révolutionner la mobilité dans la vallée de la Vesdre", précise Maxime Degey. Pour cela, il faudra encore patienter au moins jusqu’en 2026.
Le GRACQ Verviers, lui, insiste pour qu’à l’avenir, il y ait une cohérence entre les liaisons cyclables et que les cyclistes puissent circuler en toute sécurité.
Renaud Collette