Le personnel de nombreux hôpitaux publics est en grève ce lundi à l’appel de la CSC Services publics. Le mouvement a notamment été bien suivi chez nous au CHR Verviers. Les grévistes dénoncent l’IFIC, une nouvelle classification des fonctions dans les soins de santé, identique dans le privé et le public. Un changement qui engendre une perte financière importante pour certains...
Ils se sont rassemblés sur le coup de 9h30 ce lundi devant l’hôpital verviétois. Si la colère ne sait pas se lire sur leurs visages, elle se lit sur leurs masques, leurs brassards, leurs calicots. Ils attendaient une revalorisation. On leur propose une nouvelle classification de fonctions dites « IFIC », du nom du groupe de travail qui étudie ce nouveau modèle salarial depuis 2018. Un nouveau modèle salarial appliqué à presque toutes les fonctions de l’hôpital et déjà en vigueur dans les structures privées.
Une grève bien suivie
"La grève est très bien suivie, confirme Virginie Blocteur, déléguée syndicale à la CSC Services publics. C’est vraiment une souffrance qui est dite et malheureusement, ce ne sera pas fini, si le cabinet refuse d’entendre ce besoin de reconnaissance. Les services d’oncologie, d’urgence, de soins intensifs ne peuvent pas tourner avec moins de personnel. Du coup, ce sont d’autres services qui s’étaient redirigés professionnellement qui ont dû être appelés à la rescousse comme au temps de covid".
Un nouveau modèle salarial, pas nécessairement avantageux pour les anciens et les spécialisés
Le personnel du services des urgences et des soins intensifs a particulièrement bien suivi le mouvement. Ces services doivent compter au minimum la moitié de soignants spécialisés. Si le nouveau modèle salarial est avantageux pour les nouvelles recrues, il ne l’est pas nécessairement pour les anciens ou ceux qui ont effectué une spécialisation. Avant le diplôme déterminait le barème. Avec l’IFIC, le principe général est à fonction égal, salaire égal.
"C’est sur du long terme qu’on va y perdre, explique Christine Weickmans. Nous, on a fait la spécialisation soins intensifs, soins d’urgence. Maintenant, il y a beaucoup d’autres spécialisations. C’est un an de spécialisation puis, après, une formation spécifique lorsqu’on arrive dans le service, une remise à jour tous les ans. On doit faire des formations permanentes tous les ans pour garder notre titre. On doit travailler un certain nombre d’heures dans le service et donc, cela nous demande de l’investissement. Pourquoi ? Pour se retrouver sur le même échelon".
"Comme remerciement de nos efforts: un système de classement qui va créer des discriminations"
Dans ce service des soins intensifs, le personnel est particulièrement à bout. Il a redoublé d’efforts pour faire face à la crise sanitaire. Mais les applaudissements et les promesses semblent loin.
« On a pris sur nous, au niveau physique, au niveau mental durant toute cette crise pour donner le meilleur de nous-mêmes. Et ce que nous avons comme résultat, comme remerciement, c’est l’implémentation d’un système de classification de fonction qui joue en notre désavantage, qui va créer de grosses discriminations entre les infirmiers, qui va même pour certains aller jusqu’à une perte de salaire importante sur le long terme et nous nous ne voulons pas ça », indique Célestine Dechamps, infirmière aux soins intensifs au CHR Verviers.
Certains auront beaucoup de revalorisation, d’autres pas
Chacun pourra décider d’ici le 1er juillet s’il passe au nouveau modèle salarial IFIC ou pas mais cela ne rassure pas pour autant la CSC services publics.
"Oui, dans un premier temps, l’agent ne perdra pas du salaire s’il est dans les fonctions publiques parce qu’il pourra décider de ne pas avoir ce barême ific mais sur le long terme, on ne sait pas. La carrière est sur 45 ans au lieu de 25 ans et quand les agents vont, de toute manière, changer d’hôpital, de secteur... Là, ils n’auront plus le choix : ils seront obligés de rentrer dans l’IFIC et quand ils changeront de fonction au sein de leur institution, ils seront obligés, soutient Virginie Blocteur, infirmière, déléguée CSC Services publics. C’est vrai qu’il n’y aura dans un premier temps pas de perte mais il n’y aura pas de revalorisation équitable en fonction de tous les agents. Certains auront beaucoup de revalorisation, d’autres pas".
La pénibilité du métier n’est pas prise en compte non plus selon le syndicat chrétien. De même que la réalité des carrières hybrides mi-temps soins/ mi-temps administratifs. Et puis, il y a surtout la pénurie de personnel. Malgré le fond blouse blanche dégagé, les hôpitaux n’arrivent pas à recruter. Résultats : des conditions de travail dégradées. La CSC envisage d’autres actions si leurs revendications ne sont pas entendues. (Au.M)