C’est la quatrième fois que Joseph, 71 ans, comparaît devant un tribunal correctionnel pour faits de mœurs. Cette fois, il est accusé du viol d’une dame de 43 ans à l’époque, en août 2021. Ce qu’il nie aujourd’hui, après en avoir pourtant admis la possibilité. Une bien curieuse affaire, pour laquelle il risque à nouveau 5 ans de prison.
Joseph exploite dans la région de Waimes une pension pour chevaux, où il a érigé un petit bar fort fréquenté par un cercle d’initiés, car la boisson y est bon marché, un euro à peine. Parmi eux, une certaine Denise (prénom d’emprunt) qui vient régulièrement faire de l’équitation. Ce soir du 2 août, elle a beaucoup bu, trop pour qu’elle reprenne sa voiture. Sagement, elle passe la nuit sur un divan de Joseph, où elle s’endort. Mais elle est réveillée par une tentative de Joseph de l’embrasser, à laquelle elle se dérobe. Ce dernier l’aurait ensuite caressé la poitrine, puis longuement le sexe, avant de carrément la pénétrer. Denise affirme avoir refusé cette relation, disant n’avoir pu s’y opposer et encore moins se débattre à cause de côtes froissées lors d’une chute déroulée la veille.
Une défense étrange
Devant le tribunal correctionnel où Joseph est poursuivi pour viol, ce dernier nie tout en bloc. « Elle avait beaucoup bu, mais je n’étais pas attirée par elle Je n’ai rien tenté, je ne l’ai pas touchée, je ne le pense pas. Nous étions tous les deux dans un tel état » dit-il en admettant avoir été tenté de l’embrasser, mais qu’il s’est ravisé.
Une défense plus qu’étrange, quand on sait ce qu’il a déclaré aux enquêteurs « Je ne sais pas si je l’ai violée ou non, mais j’ai tenté de l’embrasser car j’étais amoureux d’elle, mais elle a dit non. De toute façon, quand on a bu, on ne bande plus » Il avait aussi admis lui avoir caressé le sexe pendant 5 minutes, mais elle restait inerte. Il avait avoué aussi regretter ce qu’il avait fait et en être honteux.
Devant le tribunal, ça devient : « Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Je n’ai jamais touché son sexe. Elle était bourrée ! Elle est d’ailleurs revenue le lendemain, et n’a porté plainte que 16 jours après ! »
Mais tout cela devient suspect lorsqu’on connaît son passé. Condamné une première fois en 1986 à 2 ans de prison pour faits de moeurs, il est à nouveau condamné à 3 ans de prison en 2009 pour une affaire rocambolesque dont nous avons gardé le souvenir. Un jour, il reçoit un couple d’ami, avec lequel ils picolent pas mal, au point que le couple reste loger chez lui. Au cours de la nuit, la femme sent qu’on la pénètre, mais se laisse faire croyant que c’est son mari Mais celui-ci se réveille, lui parle, et il est vêtu d’un pyjama. Ils perçoivent une ombre qui s’enfuit, qui ne peut-être que Joseph, lequel niera déjà lors du procès, invoquant son impuissance quand il a bu.
Il sera encore condamné à 30 mois de prison en 2018 pour une tentative de viol.
Un viol pas possible
Pour Me Troxquet, partie civile, Denise n’avait aucun intérêt à ainsi l’accuser de faits qu’il a d’ailleurs à moitié reconnus devant les enquêteurs. Pour elle, c’est une affaire pénible, qui nécessite encore maintenant un suivi psychologique. Pour lui, c’est une tactique de salir sa victime. Pour Me Herman, ministère public, c’est un être dangereux, qui n’a rien compris à son passé. Elle réclame 5 ans de prison.
Mais pour son avocat Me Delobel, admettant que son client se défend comme un pied, on est ici dans le dilemme d’une présomption de culpabilité face au doute raisonnable. Mais il dit depuis le début qu’il est impuissant, ce qui est certifié par un médecin, alors qu’on parle d’un viol brutal, ce qui n’est tout simplement pas possible. Il réclame donc son acquittement du moins pour le viol.
Jugement dans un mois.