Le quartier des Linaigrettes à Verviers est-il devenu un quartier à risques ? Le mot est peut-être fort mais selon la Ville, l'insécurité est croissante. Une ordonnance de police pour limiter les rassemblements de plus de deux personnes en rue avait d'ailleurs déjà été prise en février dernier. Celle-ci vient d'être prolongée. Et désormais, des sanctions financières seront également appliquées en cas de non-respect de cette interdiction.
Des règles sans sanction, ce n'est pas toujours efficace. Dans le quartier des Linaigrettes, depuis février, il est interdit de se rassembler à plus de deux personnes. Une mesure prise pour faire diminuer l'insécurité. Mais celle-ci semble insuffisante. La police a recensé dernièrement de nouveaux débordements.
"Les citoyens des Linaigrettes se plaignent depuis longtemps de graves faits comme des vols avec violence, des briques lancées dans des jardins qui tombent sur des tables où les gens mangent, etc. Il y a aussi de la toxicomanie. C'est un quartier qui pose énormément de problèmes. On a d'abord fait un gros travail de prévention avec des éducateurs de rue et de la médiation. Mais rien n'y fait. Les choses n'ont pas évolué. Ici, en quelques mois, on a noté plus d'une trentaine de faits", explique Muriel Targnion, bourgmestre de Verviers.
Fini de rigoler, la Ville de Verviers a décidé de sévir. L'interdiction de rassemblement de plus de deux personnes est prolongée jusqu'au 12 mai inclus, soit jusqu'à la fin des vacances scolaires. En plus de cela, des sanctions financières seront désormais appliquées pour les plus récalcitrants : des amendes s'élevant de 175€ pour un mineur à 500€ pour un majeur. La police va patrouiller beaucoup plus. "Il reste un petit groupe d'irréductibles qui font des choses assez graves et donc nous pensons qu'il faut davantage encore responsabiliser les parents en mettant ces sanctions", précise la bourgmestre.
Pour les partis de l'opposition, PTB et Ecolo, la Ville apporte une mauvaise solution à un vrai problème. "Cette ordonnance est une punition collective par rapport à des actes ponctuels. Autant il faut sanctionner ceux qui ont commis ces actes, autant il ne faut pas sanctionner tout le quartier et tuer la vie sociale de celui-ci", estime Hajib El Hajjaji, conseiller communal Ecolo. "C'est une mesure complètement discriminante. On jette une étiquette sur l'ensemble d'un quartier à cause des agissements de quelques uns. On est clairement sur une mesure électorale. Apparemment, le PS veut faire campagne à droite", lâche Làszlò Schonbrodt, conseiller communal PTB.
L'opposition pointe l'absence d'éducateurs de rue, de maison de jeunes et d'une maison de police de quartier. "Une maison de jeunes ne se fait pas en un jour. Et nous avons déjà une maison de police à Stembert", répond à cela Muriel Targnion.
Ces mesures seront réévaluées à la fin des vacances de printemps. Si la situation ne s'améliore pas, elles pourraient être reconduites.