Un chantier vient de démarrer dans l’avenue Eugène Müllendorff à Verviers. Il devrait durer deux ans et vise notamment à remettre la chaussée à double sens de circulation. Des riverains nous ont contactés. Ils vont devoir financer une partie des travaux, plus précisément les trottoirs et les égouts. Ils ne sont pas d’accord. Pourquoi cette taxe ? Comment est-elle appliquée? Nos explications.
Les engins de chantier sont entrés en action pour un vaste lifting de l’espace public. Fermée à la circulation, l’avenue Eugène Müllendorff à Verviers est plutôt calme ce vendredi. Mais derrière les façades, certains ne décolèrent pas. En cause ? Un courrier reçu de la Ville de Verviers.
"On a reçu une lettre au début du mois de mars nous annonçant le début des travaux et qu’on allait devoir contribuer à la réfection du trottoir et des égouts, explique un habitant, Yves Wynants. Je trouve que c’est un peu particulier parce qu’on paie déjà des taxes immondices, des taxes d’entretien d’égouts et l’égouttage à tout le monde. En plus, on nous dit qu’on peut payer en 5, 10, 20 ans... Donc, mon coeur s’affole. Combien vais-je devoir payer ? Je ne sais pas et je n’ai pas eu de réponse lorsque j’ai téléphoné à la commune".
Certains doivent débourser de plus de 4.000 euros
Dans certaines rues récemment rénovées, les Verviétois ont dû débourser plus de 4000 euros pour leurs trottoirs et leurs égouts. Lorsque vous avez une maison située à un angle de deux rues, vos mètres de trottoirs augmentent et l’ardoise peut être salée...
Rue Simon Lobet à Verviers, les travaux sont terminés. Là, les riverains viennent de recevoir la facture et savent désormais à quelle sauce ils vont être mangés...
« Pour une façade de taille classique dans la rue, on nous demande 1650 euros, un tiers pour les trottoirs et deux tiers pour les égouts, signale Edith Devel. On sait qu’on doit entretenir les trottoirs... Alors la taxe sur la construction des trottoirs, je préférais ne pas la payer, évidemment ! Mais est-ce que cela m’étonne ? Non".
La contribution dévolue aux égouts, dont les habitants ignoraient l’existence, est moins bien digérée: "C’est aussi une interpellation qu’on a adressée à la Ville : à quoi sert de payer taxe entretien égout s’ils ne sont pas bien entretenus et que la vétusté nous impose des rénovations plus lourdes de ces égouts? »
"Cette taxe sur le raccordement aux égouts, on peut la considérer plus "normale", car on apporte un service réel au citoyen. S’ils ont une fosse septique, ils n’en ont plus besoin. Le trottoir, lui, est utilisé par tous les citoyens. Je peux comprendre l’incompréhension des citoyens. C’est un vieux problème sur Verviers, signale Maxime Degey, échevin des Travaux à Verviers. Pour moi, il faut peut-être y réfléchir car cette est incohérente dans ses objectifs ».
Seules 10 communes wallonnes taxent la construction des trottoirs, 9 celle des égouts
Incohérente, car, selon l’Echevin des Travaux, la taxe sur la construction des trottoirs, qui date de plus de 20 ans, est fonction des matériaux employés, de la largeur du trottoir, des subsides perçus, et même de la voirie où se trouve le trottoir. La région wallonne ne fait pas, par exemple, payer les trottoirs si elle rénove une de ses chaussées.
En Wallonie, selon le site web du Service public de Wallonie, seules 10 communes l’appliquent encore. Trois dans notre arrondissement. Dison en fait partie.
« Le problème, c’est que certains ont payé leurs taxes trottoirs donc on les sanctionnerait deux fois si on supprime cette taxe trottoir pour la remplacer par une taxe urbanisation qu’on appliquerait à tous. C’est donc très difficile de revenir sur cette taxe », précise Jean-Michel Delaval, échevin des Finances de Dison.
Si on se penche sur la taxe "construction d’égouts", elle fait partie de l’arsenal de taxation de seulement neuf communes wallonnes, dont, à nouveau, Verviers et Dison. La taxe sur le raccordement à l’égout est plus courante. La taxe sur l’entretien des égouts l’est encore davantage : une centaine de communes wallonnes l’appliquent.
(Aurélie Michel)