Un homme de 56 ans habitant Dison se trouve actuellement en prison, et visiblement, il ne sait pas pourquoi, ou en tout cas il tente de le faire croire. En tout cas il devait faire face au tribunal correctionnel à des accusations de maltraitance non seulement à l’égard de son épouse mais aussi de ses deux enfants. Complètement dans le déni, il nie tout comportement violent de sa part, ce qui ne l’empêchait pas de risquer deux ans de prison ferme. La peine prononcée est cependant plus modérée : 17 mois, avec sursis probatoire, avec parmi les conditions imposées : appendre le français !
A. (56 ans) est arrivé de Turquie il y a dix ans, en 2013 avec son épouse Aïcha (prénom d’emprunt) avec qui il aura deux enfants, deux garçons, nés en 2014 et 2016. Tout récemment, le 30 janvier dernier, Aïcha se rend dans un poste de police accompagnée d’une cousine, une démarche qui est pour elle une véritable délivrance d’un calvaire qui a duré des années.
Elle révèle en tout cas que son mari était un véritable potentat domestique, n’hésitant pas à tout régir dans la maison, et à se faire obéir en battant tout le monde, femme et enfants, en les insultants et crachant même sur sa femme qu’il rabaissait constamment par des propos humiliants et un contrôle permanent de ses déplacements et de ses dépenses Ce que les deux enfants ont confirmé, disant même être enfermés parfois des heures dans un cagibi.
Suite à ces révélations, A. est arrêté et c’est détenu qu’il a comparu devant le tribunal correctionnel, où il niait carrément tout acte de violence, à part une baffe donnée il y a 5 ans à sa femme. « Tout cela est faux et n’est que mensonges. Je n’accepte aucune de ces accusations, elle se fait un film, manipulée par sa cousine. Au contraire, je m’occupais de tout, je faisais à manger et même le ménage. »
Ce n’est pas ce que disent des voisins, qui ont relevé qu’il rentrait régulièrement entre 23 h et 3 h du matin, complètement saoul, ce que son aîné confirmera : « Il est généralement saoul quand il rentre, au point que je devais parfois nettoyer son vomi. Il devenait complètement fou ! » racontera-t-il. Ce qui avait fait rire A. : « C’est un scénario de mauvais film, je rentrais vers 18 h après mon travail au car wash, je ne suis jamais rentré saoul à la maison. »
Pour Mme Hortolan, ministère public, c’est un véritable tyran domestique qui faisait régner un climat incroyable de violence dans le ménage, ce qu’il nie avec force en étant en plein déni. Il consent même à reprendre sa femme si elle s’excuse, c’est dire ! Pour lui, tout le monde ment ou est manipulé. Elle réclamait 2 ans de prison ferme.
Son avocat, Me Bertrand Thomas, s’était attaché à édulcorer le portrait de monstre qui se dessine à première vue dans ce dossier. Mais lorsqu’on prend du recul, on s’aperçoit que les choses ne sont pas aussi évidentes, qu’il n’y a pas de preuves directes de violences, rien que des déclarations. Il demandait pour lui une peine de probation, c'est-à-dire des conditions à suivre sans qu’une sanction ne soit infligée, afin de l’obliger à mieux s’intégrer à notre société.
Le tribunal n’est pas allé jusque là, même si la peine prononcée est assez modérée : 17 mois de prison, avec sursis probatoire pour le surplus de la détention préventive. Parmi les conditions fixées, traiter son alcoolisme mais aussi apprendre le français.