Hier soir, à Eupen, la Communauté germanophone était en fête. Elle célébrait le 50 ème anniversaire de la création d’une institution qui marque le début d’un processus vers l’autonomie de cette région du pays qui regroupe neuf communes et où la langue véhiculaire est l’allemand.
C’est en effet le 23 octobre 1973 qu’était crée ce qu’on appelait à l’époque un conseil culturel, à l’occasion de la 1er réforme de l’Etat belge. Ce n’était alors qu’un embryon de parlement, qui ne comptait pas d’élus direct, ni gouvernement, ni ministres et aucun pouvoir décrétal, et encore moins de budget, ses compétences se limitant aux seules matières culturelles.
Il faudra attendre janvier 1984 et une deuxième réforme de l’Etat pour que la communauté germanophone soit reconnue comme autonome, avec son propre parlement qui compte 25 élus, son propre gouvernement qui compte 4 ministres, et son propre budget.
Karl-Heinz Lambertz, qui fut pendant quinze ans le ministre-président de ce gouvernement, et qui était déjà présent dans l’ombre lors de cette création, raconte les débuts difficiles de cette nouvelle institution. " Le statut était précaire avec peu de moyens. Une quinzaine de millions de francs belges inscrit au budget à l’époque " se rappelle Karl-Heinz Lambertz, Ancien Ministre-Président de la Communauté germanophone (de 1999 à 2014)
La communauté germanophone et son parlement ont depuis bien grandi, au point de vouloir jouer un rôle égal dans le concert des institutions belges. "Nous nous inscrivons dans un concert avec un Parlement propre. Et nous formons ensemble avec d’autres parlements la Belgique fédérale de nos jours", explique Charles Servaty, Président du Parlement germanophone.
Vers une 4è région ?
Au fil des temps, la communauté germanophone a acquis de plus en plus de compétences et donc d’autonomie. Une situation satisfaisante pour elle ? Ou revendique-t-elle encore plus d’autonomie, au point de devenir une région à part entière ? " En accord avec la Région wallonnne, nous avons déjà transféré 80% des compétences régionales à la Communauté germanophone. Il n’est pas exclu qu’un jour, nous recevions un jour le statut d’une région à part entière via une septième ou une huitième réforme de l’état ", explique de son côté Oliver Paasch, Ministre-Président de la Communauté germanophone.
Reste l’éternelle question des finances, le nerf de la guerre. La dette de la communauté germanophone se monte actuellement à 680 millions d’euros, ce qui apparaît colossal pour une si petite entité Mais pas pour son président, qui estime celle-ci parfaitement maîtrisable. "Les 600 ou 700 millions de dette sont remboursables. La capacité de remboursement de la Communauté germanophone est démontrée. Nous avons l’objectif d’atteindre l’équilibre budgétaire courant à partir de 2025 ", poursuit Oliver Paasch.
Une success story
On dit souvent, du moins en Belgique, que la communauté germanophone est la minorité la mieux protégée au monde. Pour son ministre-président, c’est une réalité. "Nous sommes la plus petite entité fédérée du pays et nous sommes traités quasi sur un poied d’égalité avec toutes les autres. C’est une success story ", n’hésite pas à affirmer le Ministre-Président de la Communauté germanophone.
Les 78 000 habitants de la Communauté germanophone ne veulent ni plus ni moins que leurs homologues Flamands et Wallons. Consciente de sa petitesse, la Communauté germanophone sait aussi que ce n’est qu’en coopérant avec ses voisins qu’elle s’assumera plus encore demain. (Luc Brunclair)