6 heures de débat, en grande partie consacrées au dossier Enodia. Le conseil communal de Verviers a joué les prolongations jusqu’à deux heures du matin cette nuit. Et comme prévu, la Bourgmestre Muriel Targnion a été soumise à un interrogatoire serré. Face à elle, une opposition qui a lui a demandé des comptes et réclamé sa démission comme présidente de l’intercommunale d’Enodia. " Sur le dossier Enodia, cela transpire clairement le conflit d’intérêt et on l’a encore vu lors de ce conseil communal ce soir. Soit Muriel Targnion n’a pas été informée par Nethys, soit elle a été mal informée, soit elle est très informée de ce que Nethys a fait. Aujourd’hui, peu importe mais la conclusion de cela, c’est que Muriel Targnion doit se consacrer à Verviers ", explique Hajib El Hajjaji, Chef de groupe Ecolo.
La majorité soutient Muriel Targnion
Comme en janvier une première fois, comme en juin une deuxième fois, Muriel Targnion a répété hier soir qu’elle ne démissionnerait pas…" Par définition, les intercommunales sont une intercommunalisation des compétences d’une commune. Il n’y a que des représentants communaux et provinciaux dans les conseils d’administration. Donc, il faut bien qu’il y a ait des représentants des communes et des provinces pour s’investir dans ces mandats là. C’est la loi qui l’impose. Oui, ça pourrait être quelqu’un d’autre que moi mais il se fait que le sujet m’intéresse. Du fond de moi-même, je suis préoccupé par cette grosse intercommunale qui compte 3 000 emplois", répond Muriel Targnion.
Muriel Targnion a reçu en fait le soutien total de sa majorité PS, MR et Nouveau Verviers. Le cdH voulait qu’on désigne un cabinet d’avocat spécialisé et qui serait chargé de faire la lumière sur tout ce qui s’est fait chez Enodia. L’ancien Bourgmestre Marc Elsen, qui s’est emparé du dossier, estime qu’en tant qu’actionnaire, la ville de Verviers est en droit de demander des comptes. "Si vraiment, tout s’est fait dans la légalité, pourquoi la majorité a-t-elle utilisé des manoeuvres dilatoires pour éviter de se prononcer sur notre proposition qui n’avait pour seul but que de demander l’avis à un avocat consultant indépendant et spécialiste des positions minoritaires afin de faire la lumière sur les processus ? S’il n’y a pas de problème, alors, nous n’avons rien à cacher", a exposé Marc Elsen, Conseiller communal cdH.
Confiance aux administrateurs
"Justement, dans l’intérêt de toutes les communes et de la Province présentes dans Enodia, nous avons pris un cabinet d’avocats réputé qui vérifie actuellement la légalité de toutes les procédures que Nethys a utilisées. Un cabinet de réviseur d’entreprises est en train d’analyser les préoccupations du conseiller Elsen afin de savoir si les valeurs dans lesquelles Nethys s’est engagée correspondent à celles standard du marché. Ce travail est en train d’être finalisé et sera présenté au conseil d’administration d’Enodia prochainement" répond Muriel Targnion.
La majorité a adopté une motion calquée sur celle votée la semaine dernière au conseil provincial et qui demande des précisions sur une éventuelle vente des actifs chez Nethys, sur la légalité des procédures et sur l’absence de conflit d’intérêt.Les amendements ou les motions déposées par l’opposition, y compris le PTB qui s’opposait à la privatisation de Voo, d’Elicio et de Win ont, eux, tous été rejetés. " Au terme de ce conseil, beaucoup de technique et de discussions juridiques mais très peu de réponses sur le fond. On doit aux citoyens des réponses nettes et franches. Et sur ce que Muriel Targnion va défendre comme intérêts chez Enodia, nous n’avons pas de réponse", explique László Schonbrodt, Chef de groupe PTB.
Le conseil communal a encore réaffirmé sa confiance aux deux mandataires verviétois chez Enodia, Maxime Degey et Muriel Targnion. A charge pour eux de défendre le point de vue et les intérêts de la ville de Verviers. (MY)